Certains cinéastes ont au moins le mérite de la constance.
Par exemple le réalisateur Adrian Lyne, que l'on retrouve exactement sur la même ligne qu'il y a 20 ans, au moment de la sortie d"Unfaithful", son précédent titre. En effet, "Deep Water" s'apparente à un nouveau thriller conjugal - plus ou moins - érotique, même si le britannique s'en défend, préférant parler de radiographie du couple.
Adaptant un roman noir de Patricia Highsmith, qui avait déjà inspiré un film à Michel Deville en 1981, Lyne a la bonne idée de caster la bombe cubaine Ana de Armas dans le rôle jadis dévolu à Isabelle Huppert. A partir de là, n'attendez plus aucune objectivité de ma part, tant la belle Ana se montre désirable en épouse aussi tordue que nymphomane. J'ai donc plutôt passé un bon moment en sa compagnie, dans l'atmosphère indolente de la Nouvelle-Orléans.
Pourtant, "Deep Water" n'est objectivement pas un bon film : trop long et trop sage (quand je vous dis qu'Adrian Lyne n'a pas du tout changé...), négligeant complètement ses nombreux personnages secondaires, ce remake aurait pu m'apparaître vain et ennuyeux dans un autre contexte (je l'ai vu dans un moment de pure détente, le dimanche matin au réveil, sans aucune attente particulière), et avec une comédienne moins stimulante dans le rôle principal.
En l'état, j'y ai décelé un divertissement honorable : décors de rêve, photo élégante (cf la séquence de baignade nocturne dans la piscine), musique inquiétante signée Marco Beltrami...
J'ai même trouvé Ben Affleck convaincant dans ce rôle de mari cocu au comportement insondable, et la petite Grace Jenkins (qui joue la fille du couple) est absolument adorable.
En fait, c'est principalement le dernier acte qui déçoit, surtout par rapport aux deux longues heures qui ont précédé. Du coup, c'est l'ensemble du film qui apparaît bancal.
Pour rappel, Michel Deville avait emballé cette sulfureuse histoire en à peine 1H30...