Soyons honnêtes : j'avais peur. Je n'avais d'ailleurs pas totalement tort tant le film pose problème à bien des égards. Il faut dire que l'on passe d'un sentiment extrême à un autre assez vite : entre ces élèves qu'on a juste envie de flinguer au début avant de devenir presque adorables à la fin, c'est quand même un sacré grand écart que réalise Richard LaGravenese. De plus, « Écrire pour exister » a beau être plein de bonnes intentions, et le label « d'après une histoire vraie » lui donner une certaine crédibilité, on ne peut s'empêcher de trouver le discours parfois bien démago, d'autant que les méthodes d'Erin Gruwell poussent à un autre grand danger : passer d'un communautarisme ultra-dangereux à un communautarisme totalement apaisé mais encore plus restreint ! Reste qu'on a beau trouver cette façon d'enseigner très discutable, au moins celle-ci aura permis aux différents concernés de s'ouvrir (ne serait-ce qu'un peu) aux autres, de comprendre l'absurdité de leurs discours initial et les préjugés qui vont avec.
On peut critiquer le choix de mettre l'Holocauste au centre du débat pour amener une vraie prise de conscience, notamment chez ceux concernés par la guerre des gangs, toujours est-il que cela est efficace et souvent plutôt bien vu, du moins au cinéma. Cela dit, si on prend du plaisir à suivre cette édifiante « true story », c'est aussi grâce à la magnifique performance d'Hilary Swank, apportant un charisme incroyable à une femme tellement extraordinaire qu'on ne peut que l'adorer, quitte à ne pas être toujours d'accord avec elle. De quoi regretter qu'aussi peu de réalisateurs aient su lui donner un rôle à la hauteur de son talent : celui-ci en fait partie. Bref, malgré de grosses réserves, on ne peut s'empêcher d'adhérer un minimum à un film qui, sans être subtil, s'avère sincère, généreux et même parfois touchant : c'est déjà pas mal.