Mélodrame de Sirk réalisé en 1956 qui raconte une sorte de huis-clos entre 2 hommes et 2 femmes soumis à l'amour et à la jalousie.
Les 2 hommes sont amis de longue date : l'un est fils d'un magnat du pétrole et est en perdition (R Stack) et l'autre est la bonne conscience du premier (Rock Hudson)
Les 2 femmes sont des femmes fatales au sens hollywoodien ; l'une, femme fatale positive, Lauren Bacall épouse le fils du magnat du pétrole pour tenter de le sauver – en vain ; l'autre, femme fatale négative est la sœur, perverse, du fils du magnat du pétrole (Dorothy Malone) et est amoureuse de Rock Hudson – en vain.
L'histoire serait plutôt banale si on ne sentait pas la main du Destin qui va sonner la ruine, présumée, de l'empire industriel et la destruction du couple. En effet, dès le départ, l'affaire est jouée et les protagonistes programmés à perdre du fait de l'alcool ravageur, du fait de la jalousie dévastatrice, du fait de l'argent facile qui ne résout rien et aggrave les écarts. Comme si les engagements des uns et des autres n'avaient pas de réalité. Comme si ces engagements étaient "écrits sur du vent".
On pourrait aussi voir le film comme si les 2 hommes (et les 2 femmes) n'étaient qu'un seul personnage et ne formaient qu'un seul couple ; dans ce cas, le Destin s'acharne à détruire les faces négatives de chacun des personnages et il n'en ressort qu'un couple régénéré où l'argent facile, la fortune, les vices ont disparu et où la vie peut reprendre son cours normal. Les Erynnies se sont transformées en Euménides.
Lauren Bacall et Dorothy Malone excellentes dans leurs rôles tragiques.
Des scènes magnifiques et là aussi profondément et inconsciemment tragiques : la rêverie de Dorothy Malone au bord du lac qui mesure son impuissance à transformer un engagement d'enfant et la danse de la même actrice au moment où son père se tue accidentellement.
Il faut voir et revoir ce film car en première vision, l'histoire peut sembler d'une banalité absolue, digne de la série Dallas. A mon avis, c'est un peu plus que ça.