Attention, je lance une fois de plus l'alerte spoiler et te préviens également que cette critique sera assez différente de celles que j'ai l'habitude d'écrire dans le sens ou elle sera plus personnelle et basée sur mon propre ressentie, enjoy!
Salut sens critique, aujourd'hui je pose enfin quelques mots sur ma nouvelles obsession.
En effet, Edward aux mains d'argent rentre clairement dans le top 10 de mes films préférés, et fût pour ma part cette belle et énorme claque, qui m'a fait tant plaisir.
Je pense ne rien vous apprendre à ce sujet, mais il est tout d'abord important de placer le contexte global du film: Edward aux mains d'argent est un film fantastique Américain sorti en 1990, et réalisé par Tim Burton.
Le premier thème absolument «obvious» que traite le film est celui de la solitude, de l'exclusion.
Thème auquel il est à la fois facile et dur de se confronter en tant que spectateur: facile car la solitude est un sentiment commun qui relie donc paradoxalement les êtres entre eux, mais tout autant difficile par l'unicité de son ressentie profond, et donc propre à chacun.
Beaucoup de spectateurs pourront donc facilement s'identifier aux différentes «solitudes» ressenties par les personnages, et ainsi s'attacher à eux.
Dans Edward aux mains d'argent, la solitude est clairement représentée par le personnage sombre et calme qu'est Edward, habitué à vivre seul dans cet immense manoir ou il semble errer tels un esprit.
De plus, Edward n'est pas humain puisqu'il possède des lames à la place des mains, le personnage est donc susceptible de blesser son entourage,
et nous verrons pourtant par la suite qu'il fera tout pour faire le contraire
.
Peg, étant initialement décrite comme la ménagère classique Américaine des années 90 est contre toute attente, elle aussi frappée par la solitude.
Elle va réaliser cela grâce à l'aide d'Edward, qui sera le seul capable de remplir le vide que la femme éprouve depuis toutes ces années, et cela juste à travers l'écoute, dont elle avait besoin. L'aide que lui apportera ce dernier lui fera d'ailleurs retrouver l'inspiration et l'envie de vivre et non plus de survivre comme auparavant.
Cet élément est lui aussi paradoxale car malgré un entourage vaste composé d'une grande famille et de «copines» à travers tout le quartier, Peg semble aussi seule qu'Edward, qu'elle prendra donc sous son ail malgré les reproches qu'elle recevra, elle dont elle prendra soin comme de son propre enfant.
Ces deux personnages ont en effet une relation très forte car ils ont besoin l'un de l'autre pour chasser la solitude, et se complètent ainsi de cette manière.
Cependant, la différence entre les deux est la façon dont chacun aborde la solitude: tandis que Peg fait tout pour la fuir (quitte à être rejetée de ses voisines ou encore à être ignorée par sa famille), Edward, qui a toujours vécu avec elle, semble la considérer de façon plus sereine.
En réalité ,la solitude est une partie de lui-même, quelque chose que l'on ne pourra certainement jamais lui retirer, la solitude EST Edward, et c'est sûrement pour cela que les voisins du quartier ont initialement peur de lui (au delà de la peur de l'inconnue, elle même également dénoncée à travers le grand thème de la société des années 90, sur lesquels nous reviendrons).
En effet, Edward est le résultat d'une expérience non terminée, ce qui ouvre également le débat sur une question: n'en-est-il pas finalement mieux ainsi?
Je pense effectivement que ce côté «Inachevé» lui apporte bel et bien un charme terrible (je vous ai prévenu, je voue une obsession complètement assumée pour ce personnage).
La deuxième question à laquelle personne ne pourra répondre, est celle de l'objectif initiale du créateur d'Edward: à quoi le personnage devait il servir?
Ici chaque spectateur est libre de trouver sa propre réponse, cependant une chose est certaine: si la «création» en question est dotée de ciseaux, c'est bel et bien qu'elle fût basiquement créée dans le but de faire le mal.
De plus, la solitude que rapportera Edward de son manoir aura également un impact sur les autres personnages, les «normaux».
En effet, Edward va être jugé, moqué, humilié par les voisins et leurs regards hautains sur la vie qu'il menait, et tout simplement sur ce qu'ils pensent savoir de lui.
Ils ne se remettront jamais en question étant majoritaires, et blâmeront donc directement l'apparence de ce dernier ainsi que son comportement maladroit, et pourtant bienveillant.
Et c'est là tout le paradoxe: les personnes normalement civilisées étant les habitants de cette banlieue, jugent, méprisent, et adoptent un comportement bien moins humain qu'Edward, qui n'est pourtant qu'une «expérience».
À travers cette notion de valeur, Burton décrit (à mon sens) parfaitement la nature humaine, simplement à travers l'étude de comportements envers les plus vulnérables (nous pouvons utiliser l'exemple, du copain de Kim qui, jaloux de la relation qu'elle entretient avec Edward, va tout faire pour détruire ce dernier par peur de la perdre, mais aussi par fierté).
On parle ainsi d'un avant et après Edward, tant le personnage est fondamental pour tous: Edward est le pilier du film car tout est lié à ce personnage.
Cela s'évoque par exemple par le soudain intérêt qui lui est porté: après avoir été jugé, il deviendra la «bête de foire du quartier».
Pourtant, Edward a toujours fait parti de ce quartier, c'est en effet ici que son manoir est situé, cela signifie donc qu'il a toujours été là, mais qu'à cause de la peur de franchir le portail de ce manoir qui semble des plus effrayants, personne ne s'est jamais intéressée à lui.
Le manoir étant bien évidemment l'allégorie d'Edward: détenant une apparence assez glauque mais étant finalement paisible et inoffensif.
Edward, c'est la solitude, le silence, le refus de la réalité, et donc le contraste par excellence d'un quartier rempli de «monsieur tout le monde» dépeint comme étant bien trop sérieux.
Autre thème majeur de ce film, et que Burton a l'habitude d'évoquer, mais aussi de critiquer dans chacun de ses films, que ce soit à travers des métaphores ou de façon concrète, c'est la société au sein de laquelle vivent les personnages.
Ici, c'est la société Américaine des années 90, bien connue du réalisateur qui est à l'honneur.
Une société dans laquelle Edward introduit la magie, étant de base trop sérieuse et banale malgré les couleurs et l'esthétisme qu'elle renvoie.
C'est donc d'un monde ennuyeux à un monde presque magique que nous passerons grâce à l'arrivée du personnage principal.
Cela est très bien représenté à travers le choix des couleurs: le noir, représenté par Edward, vient changer la vie complètement colorée mais usante des habitants.
Le voisinage est lui aussi remis en questions par le réalisateur, et plus précisément le mode de vie des voisins.
Il s'agit de personnes curieuses, malsaines, qui se mêlent de tout sans pour autant avoir pour ambition d'aider leur confrères, de personnes seulement intéressées par les ragots et la surconsommation prêts à tout pour paraître et faire jalouser les autres habitants de ce même quartier.
Cependant là ou Burton veut insister, c'est bel et bien sur le fait que ces gens qui semblent tous avoir la même vie triste et fade et qui veulent bien croire les oui dire de ceux qui ne connaissent pas vraiment le font probablement car ils ne sont eux-mêmes pas heureux.
La phrase «Tu casses tout ce que tu touches» permet d'ailleurs de montrer cette volonté qu'ont les autres à vouloir blesser Edward de leur plein gré.
De ce malheur née la peur de l'inconnue et de la différence (parfaite définition de Edward), ainsi que l'appréhension qui mènera donc au rejet évoqué tout au long de cette critique.
Les voisins feront cependant plus que de rejeter Edward: ils franchiront la ligne en empiétant sur son territoire, cela encore une fois de façon métaphorique lors de la scène finale.
Dans cette scène, les gens se rendent finalement à l'intérieur du manoir afin de tout saccager et dans le but d'assassiner le personnage éponyme, ainsi en essayant de mettre le désordre dans l'endroit ou Edward à été créé et dans lequel il s'est construit au sens symbolique, c'est toute la vie de ce dernier que les voisins tentent de détruire, ce qu'ils prennent d'ailleurs un malin plaisir à faire.
Il me semble également important de préciser que si ce film m'a plu, c'est avant tout car l'univers de Burton dans son intégralité m'intéresse.
Edward aux mains d'argent m'a plu car il regroupe bon nombre des codes les plus utilisés par le réalisateur, on retrouve parmi eux l'importance du noir face à la couleur, la peau extrêmement pâle de Edward, le fantastique, l'étrange, mais aussi le phénomène de «troisième roue du carrosse», seul face au reste du monde, que j’approfondirai un peu plus loin.
Effectivement, il est important d'admettre que malgré un scénario complètement improbable, ce qui tient le spectateur en haleine durant la totalité du film, c'est l'envie d'y croire.
On a envie de se dire que Edward va s'en sortir car on s'identifie, et s'attache énormément à lui.
En étant entièrement lui même, Edward devient irrémédiablement une part de nous-même.
S'il s'en sort, alors nous aussi.
Un autre grand classique «Burtonien» sur lequel il est important de s'attarder lors du visionnage, la musique.
La musique qui occupe la totalité du film représente parfaitement cet univers, étant donc cohérente avec ce dernier car féerique, mais surtout très importante dans l'accompagnement des images, au point qu'il semble difficile d'imaginer le film sans elle.
Enfin, je terminerai sur le phénomène de «troisième roue du carrosse» évoqué un peu plus haut, qui tout comme bon nombre de thèmes abordés dans ce film, m'a réellement touché, notamment dans sa démarche des plus sincères.
Edward est effectivement condamné à ne pas être comme les autres.
Il porte en lui cette sorte de malédiction qui fait parti intégrante de sa personnalité.
Nous pouvons citer la scène du cadeau que Peg lui offre et qu'il détruit malgré lui, ce passage est d'autant plus symbolique qu'il s'agit de fausses mains que Peg a voulu offrir à Edward.
Cela peut donc s'interpréter de deux façons: comme une malédiction mais aussi comme une occasion selon la vision du spectateur.
Une malédiction car Edward est à jamais différent, et ne pourra rien changer à cela, mais aussi une occasion pour celui qui considère la différence comme étant un don, si Edward accepte de vivre avec cette différence et de l'accepter, il pourra établir des choses que personne d'autre ne pourra faire (il est par exemple le seul à savoir si bien tailler les arbres en si peu de temps).
Edward est effectivement représenté comme ayant une double face: une jeune créature à la fois complètement innocente et destructrice, et tout cela malgré elle.
Il est en effet paradoxale car capable du bien comme du mal, mais garde pour autant l'ambition de faire le bien malgré tout.
On dira en effet de lui qu'il ne possède pas la notion du bien ou du mal.
Ce que Burton veut donc encore une fois ressortir de cet exemple, c'est la pression sans arrêt portée sur Edward.
Personne d'autre que Peg n'essaie de communiquer avec lui, personne n'essaie de le comprendre ou même de lui demander ce qu'il veut réellement.
Personne ne le considère, personne ne se préoccupe de ce qu'il ressent du moment qu'il reste dans le quartier afin de jouer les bêtes de foire, son apparence comptant donc finalement plus que ses sentiments.
Et vous savez quoi? C'est pour ça que ce film est à ce point resté dans ma tête.
C'est pour cela que je repense souvent à Edward.
Parce que le spectateur s'intéresse réellement à lui, veut savoir s'il va bien, si il est vraiment à l'origine de ses choix, s'il n'est pas forcé à faire quoi que ce soit.
Parce que tout le monde mérite d'être considéré, tout le monde mérite qu'on lui demande sincèrement s'il va bien,
et Edward le mérite d'autant plus qu'il est le premier à s'intéresser et à s'ouvrir aux autres bien qu'il semble introverti, ayant passé plusieurs années seul dans son manoir.
Il est finalement respectable, autant que les humains avec lesquels il cohabite, et je pense que c'est cela que Burton s'efforce à dire à travers ses films.
Plus qu'une critique, c'est une mise en garde que le réalisateur fait.
Et pour cela je le remercie, car vous n'imaginez pas à quel point ce genre de mises en garde est importante au sein de notre société actuelle, assez peu tolérante.
Il est possible que je fût peu objective à cause de cela, mais sincèrement, ce film à raisonné en moi comme alliant qualité avec beaucoup de ressentis.
Alors certes, ayant une grande tendance à la sur-interprétation il est possible que tout ce que j'ai évoqué ne soit pas purement prémédité par Burton, mais au final peu importe puisque le résultat est présent.
Je te remercie beaucoup d'avoir pris le temps de lire cette critique (qui n'en est finalement pas vraiment une) et espère que ce film à pu te faire autant de bien qu'il m'en a fait!