Ce film me touche chaque fois autant, il est le top de mon top 10. Dès que les premières notes de la musique de Danny Elfman résonne, je suis saisie ! Ce conte fantastique et poétique est cruellement réaliste, car oui la vie est particulièrement dure pour les êtres différents.
La différence d’Edward, c’est d’abord d’avoir été fabriqué, ensuite c’est d’être inachevé. Comme tout le monde, mais chez lui ça se voit et du coup ça fait peur, car chacun est renvoyé, en le regardant, à son propre inachèvement. Ses mains-ciseaux l’empêchent de faire ce que tout le monde fait facilement : manger en tenant des couverts, s’habiller, prendre quelqu’un dans ses bras. Mais elles sont aussi ce qui lui permet de faire des choses uniques. Ce qui le limite est également le moyen par lequel il peut donner forme à la richesse de son imagination. Si ses mains-ciseaux peuvent blesser l’autre, et d’abord lui-même, son visage est couvert de cicatrices, elles font aussi jaillir la beauté. Là où tout le monde ne voit qu’un arbuste, un chien, des cheveux, lui voit une forme à faire jaillir. Et c’est ainsi que sous ses ciseaux tout devient beau ! Et non seulement beau mais aussi fantaisiste et joyeux.
Le cadre spatial et l’esthétique sont particulièrement importants dans ce film, comme dans tous les films de Tim Burton. Deux univers sont posés l’un à côté de l’autre : un vieux château au sommet d’une haute colline. De loin, il est gris et inquiétant. Et une banlieue pavillonnaire cosy et colorée, totalement aseptisée. Tout est beau, tout est propre, mais ce n’est pas un lieu vivant. L’herbe est verte et bien tondue mais pas une seule fleur. Les quelques arbustes sont laissés à l’abandon. Les gens qui habitent là vivent dans la superficialité, les ragots. Une exception : Peg, une personne entière, naïve, innocente. Mais justement, elle est tenue à l’écart. Après avoir vu le château de loin, on le découvre avec elle qui a une âme d’aventurière quand il faut vendre, ou caser, ses produits de cosmétique ! Une fois passé le portail délabré, c’est l’émerveillement. Ce lieu est magnifique avec ses arbustes taillés dans les formes les plus originales. C’est un lieu de vie. Rien n’est carré, rien n’est propre non plus, mais la fantaisie est la marque de ce manoir baroque. Et cette fantaisie, Edward va l’emporter avec lui en venant s’installer dans la famille de Peg. La banlieue devient alors vivante avec ses bosquets taillés. Des chiens, et de la chevelure féminine, Edward fait ressortir une personnalité unique. Car s’il est unique, il est capable aussi de voir ce qui est unique chez les autres. Malheureusement, les gens ne seront pas capables de le voir avec un regard aussi pur que le sien. Car Edward est un être pur qui ne comprend pas le mal, il ne peut que se faire écraser par lui à un moment ou un autre. Et c’est ce qui arrive…
Je ne peux arrêter cette critique sans mentionner la scène sublime de l’ange taillé dans la glace sous la neige, tandis que Kim danse doucement dans sa robe blanche, émerveillée et nous avec elle !
Dans Edward aux mains d’argent, Tim Burton nous a offert l’une de ses plus belle œuvres et Johnny Depp y a trouvé l’un de ses plus beaux rôles.