Avec « Edward aux mains d’argent », Tim Burton acquiert une dimension cinématographique et un talent comparables à celui d’un Murnau en son temps. Comme lui, il concentre l’action sur une scénographie très stylisée alliant jeux de lumière qui agissent comme un révélateur de sentiments à des décors expressionnistes très imaginatifs. Comme lui, il manipule le jeu des acteurs jusqu’à en sublimer leurs interprétations. Pour n’en citer qu’un : Johnny Depp, jusque là bellâtre à midinettes, il donne à Edward une aura profondément humaine, fascinante et nous apparaît si beau malgré son effrayante apparence. Comme lui, il nous donne une grande leçon de cinéma par des effets de mise en scène, des choix de plans et un montage d’une fluidité exemplaire. Ce film dépasse même le simple stade du 7ème art. C’est une œuvre picturale d’une élégance raffinée, elle est également un sublime et pénétrant poème sur la tolérance qui touche le cœur et fait vibrer notre âme. Sentiment renforcé d’ailleurs par la cristalline musique de Dany Elfman. « Edward aux mains d’argent » porte la marque d’un grand cinéaste, humble mais sur de lui, qui nous invite à entrer avec enchantement dans son univers si particulier. Tim Burton est un conteur passionné et passionnant, de plus redoutablement doué.