« Le meilleur film de Benoît Delépine et Gustave Kervern », « hilarant », « exceptionnel »... Les superlatifs ne manquaient pas pour accueillir « Effacer l'historique », le dernier film en date des trublions du Groland. Et j'y ai cru, comme à chaque fois. Pourtant, avec le recul, hormis « Mammuth » (et encore), il n'y a aucun film du duo que j'ai réellement aimé, et ça ne sera à nouveau pas pour cette fois. Désolé, mais moi, déjà, une comédie où l'on ne rit quasiment jamais, c'est extrêmement problématique. Je savais quand c'était censé être drôle, à savoir souvent, juste que ça ne marchait pas du tout sur moi. La mise en scène est toujours aussi faible techniquement, et je n'en peux plus de cette image délavée que les auteurs du « Grand Soir » nous ressortent systématiquement.
Il y a, certes, des idées, quelques répliques efficaces, cette volonté de surfer sur l'actualité (nos trois héros sont d'anciens Giles jaunes) sans opportunisme, de tenir un discours manifestement engagé sans misérabilisme ni optimisme déplacé : c'est appréciable. Maintenant, une fois qu'on a écrit ça... C'est terriblement long à se mettre en place (que de vacuité, par moments), parfois juste lourd, voire légèrement vulgaire. Les réalisateurs ont visiblement tenu à imaginer un trio, mais Corinne Masiero paraît presque systématiquement en trop et en décalage face aux problèmes des deux autres, Blanche Gardin se révélant beaucoup plus à l'aise dans cet univers loufoque que Denis Podalydès.
Dernier défaut important : l'attitude des protagonistes est juste totalement invraisemblable. À ce niveau ce n'est plus de la naïveté, juste de la bêtise pure et simple, pour ne pas dire de la débilité profonde. Le
voyage aux États-Unis afin de récupérer la sextape était déjà grotesque, mais que dire de celui à l'île Maurice de notre héros pour rencontrer cette voix avec qui il échange au téléphone sans qu'on sache très bien comment cela a commencé :
on est à la limite de se dire qu'ils méritent ce qui leur arrive au vu de comportements aussi consternants. Reste alors quelques instants à saisir, références ou caméos n'apportant pas grand-chose à l'intrigue, mais permettant, au moins, d'enrichir un peu cette charge anti-libérale souvent toc, pesante et finalement assez vaine (même si c'est en partie volontaire) : non, vraiment, aussi sympathique et sincère soit-il, le « cinéma » du duo, ici encore plus surfait qu'à l'accoutumée, n'est décidément pas pour moi.