La musique de Thomas Newman est excellente. C'est d'ailleurs la seule bonne chose du film. Mais alors que le premier plan donne le ton de tout ce qui va suivre, on s'ennuie déjà. Et on s'ennuiera tout le long de ce thriller HQE (Haute Qualité d'Élégance) plus propre que les toilettes du Ritz.

Soderbergh connaît son métier. Il faut dire qu'à raison d'au moins un film par an, il a eu le temps de maîtriser la technique. Et pour maîtriser, il maîtrise : tout est soigné, poli, ripoliné. Ô les beaux plans avec la belle mise au point et le beau flou, et les beaux filtres jaunes, et la belle lumière diffuse ! Pas une arête, aucune aspérité, pas un truc qui dépasse, un poil de cul qui traîne, rien. Tous les angles sont arrondis, personne ne parle plus haut que l'autre, tout est bien mixé comme il faut, c'est nickel.

Mais quel ennui ! On ne s'accroche à rien, rien n'intéresse, pas davantage ce trader sortant de prison que sa femme dépressive, ou ce psychiatre des beaux quartiers avec sa blonde, le fils de la blonde, et son appartement à payer. On s'en moque à tel point qu'on s'accroche désespérément à chaque inflexion de voix, chaque manifestation de possible agacement, de lassitude, toutes immédiatement avortées, comme si, quoi qu'il arrive, rien ne se passera.

Et encore, le gros problème n'est pas là. En regardant Effets secondaires, il y a forcément un moment où l'on pense à Passion de Brian De Palma. Et là, ce pauvre Soderbergh, lui qui a fait de bons films mais jamais de chef d'œuvre, souffre terriblement de la comparaison. Passer après le Maître des faux semblants est tout simplement suicidaire, et le cinéaste prolifique, en annonçant sa "retraite", semble en avoir mesuré le sens.

Les acteurs ne s'en sortent pas trop mal, Jude Law jouant à Jude Law jouant à Jude Law, Rooney Mara jouant à jouer la comédie... Catherine Zeta-Jones, de retour après 45 ans de vacances, lèvres à la Kidman en prime, est toute contente d'être là, tandis que Channing Tatum se plaît à porter de belles chemises. Tout ce petit monde est bien évidemment bien propre sur lui, personne ne fait tâche.

Allez, ça suffit. On l'aura compris : Effets secondaires est un film qui ne sert à rien.
pierreAfeu
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2013 • film par film, Les pires films de 2013 et Top -15 2013

Créée

le 10 avr. 2013

Critique lue 569 fois

5 j'aime

3 commentaires

pierreAfeu

Écrit par

Critique lue 569 fois

5
3

D'autres avis sur Effets secondaires

Effets secondaires
guyness
7

Dorer la pilule

Il y a deux façons d'aborder le film de Soderbergh, me semble-t-il. Soit y voir une œuvre esthétique et déroutante, débordant de pistes et longtemps indécis quant à son dénouement, se transformant...

le 22 sept. 2013

32 j'aime

2

Effets secondaires
Jambalaya
7

Ne pas dépasser la dose prescrite

Cette critique sera celle de quelqu’un qui, depuis quinze ans, exerce un métier d’interface entre les patients (pardon, on dit clients maintenant), les médecins et les fabricants d’appareils médicaux...

le 30 mai 2013

30 j'aime

3

Effets secondaires
Behind_the_Mask
5

Effets indésirables

˗ Monsieur The_Mask ? ˗ ... Zzzzzz... ˗ Monsieur The_Mask ? ˗ Zzzzzzzzzzz ! ˗ Monsieur The_Mask ! ˗ Hein ? Heu... Heu... Oui ? ˗ Le docteur Sassin va vous recevoir. ˗ Euh... Merci. ... ˗ Bonjour...

le 31 août 2015

20 j'aime

10

Du même critique

Nocturama
pierreAfeu
4

The bling ring

La première partie est une chorégraphie muette, un ballet de croisements et de trajectoires, d'attentes, de placements. C'est brillant, habilement construit, presque abstrait. Puis les personnages se...

le 7 sept. 2016

51 j'aime

7

L'Inconnu du lac
pierreAfeu
9

Critique de L'Inconnu du lac par pierreAfeu

On mesure la richesse d'un film à sa manière de vivre en nous et d'y créer des résonances. D'apparence limpide, évident et simple comme la nature qui l'abrite, L'inconnu du lac se révèle beaucoup...

le 5 juin 2013

51 j'aime

16

La Crème de la crème
pierreAfeu
1

La gerbe de la gerbe

Le malaise est là dès les premières séquences. Et ce n'est pas parce que tous les personnages sont des connards. Ça, on le savait à l'avance. Des films sur des connards, on en a vus, des moyens, des...

le 14 avr. 2014

41 j'aime

21