Schumacher qui se prend pour Fincher, c'est presque la quatrième dimension. Ce qui l'est en revanche déjà moins, c'est qu'il est à chier.
En gros Joel nous sert un ersatz de Panic Room, mais au lieu d'un confinement claustrophobique, le tout se passe dans une bâtisse ultra-protégée et, évidemment, l'intérêt devient nul, l'ensemble n'étant qu'une succession de scènes d'intimidations et pseudo-rebondissements peu inspirés. Un type pointe un flingue sur une tempe, Cage grommelle un argument pour prolonger l'attente des ravisseurs (arborant de fantastiques lunettes vomitives pour tenter de détourner notre attention de ses cheveux), et puis il les roule, du coup repointage sur une tempe, puis re-argumentation, le tout en boucle pendant une heure et demie — qui en paraissent beaucoup plus.
Au final ça tourne en rond, il y a des secrets et des mensonges au sein de cette famille, mais peu importe les effets de style essayés, ça foire constamment et l'on attend désespérément que quelqu'un se prenne enfin un pruneau (voire la totalité de la distribution, histoire d'écourter la chose), vu que les menaces ont été incessantes.
Il va sans dire que le final suit le niveau global et nous sert quelque chose d'un niveau de bêtise que Schumacher n'avait encore jamais effleuré.
Bref, Trespass est un énième thriller foireux estampillé Schumacher.
Point positif, il a laissé tomber les éclairages dégueux comme ceux qu'il utilisait dans Batman ou 8MM, mais cela ne lui permet pourtant pas de faire mieux, au contraire, il nous sert un produit sans saveur qui a de fortes chances de ne jamais sortir en salles Françaises, et c'est tant mieux (budget de 35 millions de dollars pour 17.000$ de rentrées, un flop sans demie-mesure).
Seuls points forts, Nicolas Cage, le chouchou de Joel, qui en profite ici pour jouer un rôle à l'opposé de ceux dans lesquels nous avons pu le voir récemment, mais aussi Nicole Kidman, égale à elle-même, toujours à fond dans ce qu'elle fait sans avoir l'air de se rendre compte qu'elle est griffonnée au milieu d'une toile bien médiocre. On comprend qu'ils aient besoin de bouffer, mais chacun d'eux a l'air de choisir ses rôles sans lire les scripts, ce qui a le dont d'être particulièrement désopilant — pour leurs fans en tout cas.
Quant au bestiaire de ravisseurs, aucun d'entre-eux ne sortira du lot, et c'est très rapidement que l'on oubliera leurs visages, tout comme la pellicule, ce qui n'est pas un mal en soi.
Pour conclure, les fans de Cage ou Kidman n'auront que peu d'intérêts à perdre leur temps devant ce long-métrage. Les amateurs de thrillers seront consternés par autant de bêtise et emprunts — éhontés — à des choses déjà-vues, et il n'y a bien que les moins familiers au genre qui pourront y trouver une once de divertissement.
Mention spéciale pour le duo Kidman/Cage, qui font tout leur possible pour donner un peu de saveur à l'ensemble. Ils ne sauvent néanmoins pas les meubles, mais réussissent quand même à éviter le zéro pointé, ce que le film à frôlé de peu. Il serait cependant bon qu'un jour Schumacher comprenne qu'en plus d'un casting, il faut une histoire qui tienne la route.