Certains premiers longs-métrages, comme The Young Lady du Britannique William Oldroyd, donnent l'envie immédiate de suivre leur auteur dans leurs réalisations futures. Le voici donc, ce second film, Eileen, avec un changement de continent, via une action située au Massachusetts, et d'époque, pour le début des années 60. Mais dans cette adaptation d'un roman de Ottessa Moshfegh, c'est à nouveau une jeune femme qui est au centre de l'intrigue. Eileen travaille dans un prison pour adolescents criminels et vit avec un père alcoolique, ancien policier, qui ne s'est jamais remis de la mort de sa femme. Eileen, frustrée et désœuvrée, dont certains fantasmes sordides envahissent parfois ses pensées, voit dans l'arrivée d'une belle psychologue sophistiquée l'occasion de transfigurer son quotidien et de donner un sens à sa pauvre existence. Plutôt réussi dans son atmosphère de film malsain, le scénario s'emballe dans sa dernière partie et bifurque vers le thriller, suite à une série d'événements bien difficiles à avaler. Sauf, bien entendu, si l'on considère que ceux-ci ne sont que des fantasmes de plus dans l'esprit perturbé d'Eileen, mais ce n'est pas vraiment ce que le film semble suggérer, alors qu'il ne ressemble plus qu'à une sorte de pastiche des films noirs de la grande époque de Hollywood. Malgré cela, impossible de ne pas souligner la prestation étonnante de Thomasin McKenzie et celle, plus classique, dans le registre de la femme fatale, de Anne Hathaway.