Esthétique des 80 joyeuses : cheveux longs en pagaille, chemises colorées, pattes d'eph' et The Kinks en fond sonore… Dans ce décor pop, c'est l'histoire (vraie) d'une famille de ravisseurs qui, pendant la dictature Argentine, séquestre des personnes de la bourgeoisie et les exécute malgré le versement de la rançon.
Il a parfois été reproché à ce film de se cantonner aux faits, de les habiller de cette BO légère et joyeuse (The Kinks, David Lee Roth, Creedence Clearwater Revival...), pour n'en tirer qu'une sorte de farce anecdotique. Pour moi, c'est justement ce décor et cette musique qui font tout l'intérêt du film : car la famille du Clan, c'est votre voisin qui balaie chaque matin devant sa porte, c'est son fils qui vend des planches de surf et passe en vous saluant... Et sa banalité fait froid dans le dos.
Cette mise à distance esthétique de la réalisation de Pablo Trapero n'enfonce pas des portes ouvertes en nous disant quoi penser : l'histoire en elle-même est déjà assez atroce. Il nous donne alors l'espace pour se poser des questions : dans une histoire comme celle-ci, qui est coupable, qui est victime, qui est complice ?