Quand on évoque les meilleures comédies argentines, c'est de satire sociale qu'il s'agit assez souvent, et dans la férocité, qui plus est. El Profesor de Benjamín Naishtat et Maria Alché invite la faillite économique et politique du pays dans l'équation, tout en ne forçant pas trop le trait, préférant tracer avec une certaine tendresse le portrait d'un homme honnête mais sans charisme. Point de cruauté donc dans le film, mais pas mal de nuances dans son humour, ce qui est louable, mais le dessert en termes d'efficacité. D'autant plus que la mise en scène est assez terne, ce qui surprend de la part de Benjamín Naishtat, auteur de l'ambitieux et très réussi Rojo. Sur un autre plan, le long-métrage accorde une large place aux théories philosophiques, de Rousseau à Kant, en passant par les Grecs, ce qui, au-delà des enseignements applicables au monde chaotique d'aujourd'hui, ralentit quelque peu le rythme. El Profesor se suit avec un certain amusement mais sans passion, bien construit et interprété, mais en manque d'audace et de flamboyance. Plus proche de Citoyen d'honneur, manifestement, que des Nouveaux sauvages, ce qui n'empêche pas d'y prendre un peu de plaisir.