"Elena et les hommes" est un film réalisé par Jean Renoir en 1956. Il s'agit d'une brillante et pétulante comédie dont l'action se passe aux alentours de 1880. C'est une parabole sur l'éphémère aventure du Général Boulanger dans les années 1880, dont plus grand monde se souvient aujourd'hui, qui avait failli renverser la IIIème république.
C'est aussi une variation sur l'amour et la politique, l'amour et le pouvoir, l'amour et l'argent.
Voyons ceci : la princesse Elena, veuve polonaise désargentée, (Ingrid Bergman) en exil à Paris, a un don pour porter chance aux hommes qu'elle côtoie en leur offrant une marguerite et en se promettant (sans se compromettre toutefois) … Sa dernière perle vendue, il s'agit aussi de la marier à un riche parti …
Un jeune compositeur connait ainsi le succès. Le prochain à bénéficier de ce don est un riche industriel dans la chaussure (Pierre Bertin …) puis le général Rollan (Jean Marais). Et en effet, le fameux général devient ministre de la guerre (allusion claire à Boulanger) puis perdant la marguerite se retrouve aux arrêts de rigueur (comme un simple troufion, dixit Jean Marais). Retrouvant la marguerite, le voici projeté dans une espèce de complot puis écœuré par les intrigues politiques de ses amis, il abandonne la partie pour s'occuper de sa belle. Ça, c'est le fil rouge du film. Tout au long de ce fil rouge se greffent de nombreuses péripéties et de nombreux personnages loufoques ou ambigus.
Les scènes de liesse populaire le jour du 14 juillet, le bal, les chanteurs de rue, le mélange des gens, les couleurs et Ingrid Bergman au milieu de tout ça à l'aise comme si elle y avait toujours vécu sont des scènes caractéristiques d'un certain style "Renoir". On a envie d'en être, de participer à toute cette joie. La rencontre improbable Mel Ferrer / Ingrid Bergman au milieu de la foule puis au bal est une vraie scène d'anthologie.
Une pléiade d'acteurs font de ce film un agréable moment de cinéma : Jean Marais, Ingrid Bergman, Mel ferrer pour les principaux puis Pierre Bertin, Juliette Gréco, Jacques Morel, Albert Remy. Signalons à part le triangle amoureux Pierre Richard, Jacques Jouanneau et Magali Noel.
Jean Marais, qu'on ne présente plus, a ici pris du galon : il est devenu Général et même ministre de la guerre. Mais le séducteur-né de ces dames n'a pas changé d'un iota. Véritable cœur d'artichaut, toujours aux genoux des belles dames pour conter fleurette, toujours interrompu au moment précis où il se lance dans une tirade à vous faire mouiller les yeux…
Ingrid Bergman, toujours aussi séduisante et belle dans ses nombreuses tenues et chapeaux plus extravagants les uns que les autres, semble aussi à l'aise dans l'aristocratie que dans la rue ou au bistrot. C'est vraiment une très grande actrice capable de jouer absolument n'importe quel rôle du drame de "Pour qui sonne le glas" à la comédie la plus débridée et en passant par Jeanne d'Arc.
Remarquablement remastérisé, le film qu'on trouve en DVD actuellement a une image et des couleurs parfaites.