Parcours par chœurs.
Du premier au dernier plan, Elephant s’impose comme une étrange mécanique, un objet hybride qui prend le parti de nous emmener hors des sentiers battus et de fouler au pied les attentes dont il peut...
le 1 mai 2015
105 j'aime
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Un film qui m'a laissé et me laisse toujours perplexe... Une œuvre en forme d'OFNI ( objet filmique non identifié ) que je regarde en apnée, ébahi par tant de grâce et d'intelligence autour d'une histoire si terrible . Des symboles par dizaines parsèment cette lente plongée dans la délicate horreur de 2 adolescents apprentis-tueurs sans foi ni loi, amateur de Beethoven et fin dessinateur pour l'un d'entre eux et amateur de jeux vidéo FPS ( first personal shooter ) pour le second, sans jugement, sans apport psychologique, sans explication de la part du réalisateur ou de la mise en scène par un montage ou des flash backs éclairants même. On assiste au développement des quelques minutes , heures, jours, de quelques personnages, lycéens, filles, garçons, en contre-point de la vie des futurs tueurs, avec des va et vients dans l'arc narratif extraordinaires avant le massacre de masse ( Columbine ). Les points de vue , les sensations de chacun des protagonistes sont étudiés comme sous une loupe grossissante avec à chaque fois les mêmes scènes, mais vues sous un angle différent, un point de vue distinct, le jeune au tee-shirt jaune, le beau gosse sportif, une fille populaire, un élève plutôt appliqué et impliqué par ses études, tous ces gens qui se croisent, s'aiment, se détestent ou se moquent les uns des autres. Morcellement temporel miraculeux à l'image, Nous avons devant nous juste une déambulation morne et nonchalante d'ados qui vaquent à des occupations classiques, avant de marcher, sans sauveur, sans dieu miséricordieux, sans prescience de la fatalité qui s'abat plus vite à chaque pas égrené comme une procession vers une mort annoncée et comme sacrificielle... Seul le garçon blond comme les chaumes, au tee-shirt jaune et au taureau noir imprimé ( Thésée et le minotaure? ) s'en sortira plus par hasard que par volonté... Les deux tueurs de leur côté ne nous offrent aucune explication verbale, psychologique ou sociale.Ils commandent leurs armes via internet, rient, se lavent, s'embrassent profondément comme le font des amants, revêtent des pseudos uniformes , semblables à ceux des jeux vidéos qui font leur quotidien... Ce qui intéresse Van Sant n'est pas le pourquoi, mais le comment de cet évènement, et nous serons allés au bout de l'explication de ce film...Les tueurs partent, sacs emplis d'armes automatiques, ils prennent le chemin de leur lycée, le soleil éclaire comme un miroir le monde dans cette partie de la planète...Ils vont tuer tout ce qui bouge sans préférence particulière,en pleine belle journée, arpentant le labyrinthe, le dédale des couloirs, pièces, classes, cantine du lycée, comme le Minotaure à la recherche des victimes qui vont surgir à portée de vue ( Minotaure ; créature de la mythologie grecque , humain à corps de taureau, représentant symboliquement l'humain dominé par ses pulsions instinctives ). Une sorte de trou noir en duo les enveloppe, qui emmène les autres de l'autre côté du reflet de la vie, vers une mort brutale et sans raisons...Gus van Sant nous entraine malgré nous dans un tourbillon d'émotions et d'impressions qui engendre une sorte de malaise éblouissant. Jamais aucun autre film ne m'aura fait sentir à ce point l'obscure inanité de la vie d'ados et leur désarmante absence de sentiments et d'affection autres que ceux dictés par leur groupe... Un film à étudier, à revoir pour en décrypter tous les sens cachés et les secrets... Un soleil sombre dans le 7ème art!
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Créée
le 17 mai 2018
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4 commentaires
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