Deuxième film de cette année 2021 que je vois, deuxième film de Lynch et que dire si ce n'est que ce film inspiré de l'histoire vraie de Joseph Carey Merrick fut oh combien douloureux au visionnage.
Dans un Londres de 1884, le chirurgien Frederick Treves incarné par un Anthony Hopkins -jamais vu aussi jeune- découvre John Merrick, un homme complètement défiguré et difforme, devenu une attraction de foire et appelé l'Homme-Eléphant.
L'arrachant à la violence de son propriétaire et à la misère, celui-ci le recueille et découvre au fil du temps que le monstre qu'il croyait idiot congénital est en fait un homme meurtri, intelligent et doté d'une grande sensibilité.
Ménommé John Merrick au lieu de Joseph Merrick par le médecin Frederick Treves dans son œuvre publié en 1923 et intitulé "L'Homme Éléphant et autres souvenirs", ce malheureux a réellement existé et est né le 5 août 1862 à Leicester au Royaume Uni sous le règne de la reine Victoria et est mort à WhiteChapel le 11 avril 1890 à seulement 27 ans.
Disons le tout de suite et clairement, on ne peut que se sentir empathique devant la misérable existence de ce dernier que l'on découvre au fil des minutes devant nous et on n'imagine pas l'enfer psychologique et physique qu'il a du affronter et endurer durant chaque seconde de sa vie.
Partant de ce principe là, la narration arrive très bien à retranscrire cette atmosphère pesante et tous les instants de vie du protagoniste principal.
Un très gros effort est fait quant à la l'imagerie pour lui rendre un caractère, un grain ancien tel un œuvre sortie tout droit du passé, le noir et blanc sublimant la puissance de l'œuvre grâce à un très bon travail sur la lumière et les formes.
Ayant vu des images du personnage historique, je ne peux que constater que le travail sur les décors, costumes et maquillage (notamment sur les prothèses du protagoniste) est de très haute volée et qu'il a amplement mérité ces nominations (injustement non récompensé aux oscars 1981).
Au niveau du casting, rien à dire si ce n'est que l'ensemble joue avec une justesse confondante et il n'y a rien à jeter et le regretté John Hurt nous livre une tirade -restée dans les annales- foudroyante d'émotions (I'm not an elephant... I'm not a animal...I am a human being, I am a man!)
On pourrait néanmoins mettre un bémol quant au pathos qui est hyper mis en avant et à la limite du voyeurisme sachant que cette histoire est déjà bien assez triste sans en rajouter.
Au final, cela reste un grand film pour une triste histoire qui à travers ce personnage monstrueux nous questionne sur notre propre humanité car ici, au vu des évènements cruels et de son histoire poignante, il est difficile de savoir quel est le plus monstrueux des deux, son apparence ou ce qu'il a enduré à cause des gens?
Ce qui est sûr c'est que la monstruosité a un visage.
A découvrir pour l'histoire.