Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
Par
le 26 mai 2016
107 j'aime
14
Ah, le grand retour de Paul Verhoeven !! Dix ans qu'on l'attendait, mine de rien. Et si le résultat est (légèrement) mitigé, on ne peut que se féliciter d'un tel titre dans cette année cinématographique bien morose. Bon, j'avoue déjà que visuellement, le film m'a paru assez loin des grands crus du hollandais violent, tandis que ces personnages, tous à moitié cinglés et franchement peu sympathiques, ont fini parfois par me lasser, le milieu concerné ici n'étant clairement pas le mien (malgré le plaisir d'y voir une scène tournée dans ma ville de toujours!). Reste qu'une fois cela écrit, voilà une œuvre provoquant clairement un long malaise et beaucoup d'interrogations plus délicates les unes que les autres tant Verhoeven se contente d'interroger sans répondre, ni même vraiment juger.
Ainsi, tout ce petit monde a donc beau ne pas être très sympathique, cela ne l'empêche pas d'être souvent intéressant à travers les différentes scènes du film, participant ainsi à l'atmosphère si étrange de l'œuvre, une espère d'angoisse sourde où la violence peut exploser à tout moment... De plus, si l'identité du violeur n'est pas une grande surprise, la manière dont le réalisateur filme l'étrange lien qui lie la victime à son bourreau a quelque chose d'aussi choquant que fascinant. Volontiers (très) ambigu, « Elle » sent souvent le soufre tout en multipliant les intrigues secondaires avec habileté, celles-ci souvent beaucoup moins anodines qu'elles ne le paraissent, et surtout très évocatrices de chacun des personnages, en premier lieu celui d'Isabelle Huppert, évidemment excellente dans un rôle pour le moins complexe, sans pour autant empêcher les seconds rôles d'exister, de Laurent Lafitte à Anne Consigny en passant par Charles Berling, Judith Magre ou Virgnie Efira.
Je ne peux pas dire que j'ai « aimé » ce film, mais ce qui est sûr, c'est qu'il m'a interpellé, bousculé, surpris (l'auteur de « Basic Instinct » restant maître pour créer le trouble à de nombreuses reprises) : à défaut d'être la plus grande réussite du maître néerlandais, il reste une œuvre à part dans une année manquant cruellement de personnalité et de titres marquants sur la durée : voilà qui justifie amplement le déplacement dans les salles obscures.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2016, Les meilleurs films français de 2016, Les meilleurs films avec Isabelle Huppert et Les meilleurs films de Paul Verhoeven
Créée
le 2 mai 2018
Critique lue 194 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Elle
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
Par
le 26 mai 2016
107 j'aime
14
Évidemment qu’on salivait, pensez donc. Paul Verhoeven qui signe son grand retour après des années d’absence en filmant Isabelle Huppert dans une histoire de perversions adaptée de Philippe Djan,...
Par
le 27 mai 2016
89 j'aime
6
On pourra sans doute évoquer une manière de féminisme inversé et très personnel – à peine paradoxal chez Verhoeven : on se souvient de la princesse de la baraque à frites dans Spetters, qui essayait...
Par
le 3 juin 2016
75 j'aime
20
Du même critique
Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...
Par
le 20 août 2022
32 j'aime
8
Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...
Par
le 7 nov. 2021
29 j'aime
31
Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...
Par
le 25 sept. 2021
25 j'aime