"What's fair about a man getting older and looking more distinguished and a woman getting older ...

... and looking old?"

La bouffonnerie teintée de mélancolie à laquelle s'adonne Blake Edwards ne me convainc pas vraiment. Le fond du sujet n'est pas mauvais en soi, avec la crise de la quarantaine déclenchée par un anniversaire surprise à 42 ans chez un homme qui a pourtant beaucoup de succès : compositeur renommée, riche, vivant dans un confort matériel net aux côtés d'une femme qui l'aime... D'un coup, il réalise le fameux "un pied dans la tombe" et l'idée du vieillissement va le hanter inexorablement, doublée d'une fixette sur une jeune femme rencontrée dans la rue par hasard tandis qu'elle allait se marier.

Je ne connaissais pas ou très peu Dudley Moore, et il convient très bien aux angoisses du protagoniste, du haut de ses 158 centimètres complexés. Il y a un petit côté vilain petit canard à la Woody Allen, assorti de fantasmes grandissants. On peut en outre être très surpris par l'actrice qui incarne l'objet de son obsession, Bo Derek : on dirait qu'elle est dans le métier depuis longtemps, avec son assurance insolente, mais c'est en réalité son premier film et elle n'aura jamais de carrière digne de ce nom, plutôt occupée du côté des fachos de la NRA... Les mystères d'Hollywood.

La critique du confort matériel tourne cependant assez vite à vide, au bout d'un moment on se lasse des signes extérieurs de richesse manifestés inlassablement, métier lucratif, décontraction bourgeoise, villa luxueuse, Rolls décapotable... Le tout opposé au désir sexuel soudain. D'autant que la composante loufoque du film, très soutenue, n'est pas très réussie : les gags à répétition tombent plutôt à l'eau dans l'ensemble, que ce soit le running gag du télescope (il observe son voisins adepte des orgies dans un concours de taille un peu nul), les séquences de coups de téléphone ratés, ou des scènes interminables comme la bonne qui menace de tomber. La dénonciation de l'hypocrisie de ce milieu, avec les tentatives de sophistication, sont un peu balourdes pour montrer l'univers d'illusions et de désillusion, surtout pour finir sur cette morale.