Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
Par
le 26 mai 2016
107 j'aime
14
A une époque où souffrance et résilience font banalité dans le paysage, Elle ( le film et son personnage principal ) renouvelle la figure de l' héroïne romanesque loin des clichés féministes et post.
Les amateurs du cinéma selon Verhoeven connaissant sa capacité à subvertir les codes et son talent à sublimer le portrait d'une femme, il parvient sans se renier à les surprendre. Les néophytes eux se voient offrir une initiation magistrale aux ressources de l'art cinématographique.
Sans grands moyens, ni surenchère d'effets ou de coquetterie, le vieux monsieur est d'un souplesse felinesque pour embrasser le cinéma français et nous embarquer dans le sillage incroyable d'une femme à "l'irréfragable liberté"*.
Chez Djian, tout tient par le style, procurant cette précieuse liberté. Verhoeven transpose cette esthétique en son royaume, tirant parti de tout ce que son hôte le cinéma français peut lui offrir: acteurs, décors, mœurs locaux, parisianisme élégamment décadent, et liberté absolue de faire ce qu'il veut tant ledit cinéma est flatté de l' accueillir.
Le film est un objet improbable, presque irréel et surfait. L'Histoire mise en scène par un autre virerait au grotesque pompier ou à la provocation infantile ( Osons Ozon). Haneke autre hôte prestigieux de notre septième art aurait trop poussé côté perversité et dure froideur. Il y a ici un subtil équilibre qui tient de l' assemblage de cépages version grand cru, avec comme épicentre-corps du délit une Isabelle Huppert stupéfiante, et admirable, oui admirable... Aussi peu fan d'elle que je le suis, je me sens très à l'aise pour l'écrire ici: sans elle, il n’existerait pas ce film....
Mais le titre ne souligne pas assez une chorale de personnages remarquablement dessinés, bon tant pis je m' amuse....comme un tableau de Bosch qui dévoile peu à peu l' ampleur du désastre.
Sous le vernis des apparences et des conventions, personne n'est atteint du syndrome de la normalité, la déviance à tous ses degrés est déployée, sans vulgarité, ni complaisance.
Elle n'est que le symptôme ou le précipité d'un phénomène plus global, vis comme tu peux, vis comme tu veux, car tu n' as qu'une vie....
Verhoeven, notre maître hollandais des temps modernes...
*pour citer un éminent senscritiqueur.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes liste commentée des films vus au cinéma en 2016, Mon festival de Cannes 2016, Les meilleurs films français de 2016 et Le meilleur du cinéma des années 2010
Créée
le 18 juin 2016
Critique lue 375 fois
7 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Elle
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
Par
le 26 mai 2016
107 j'aime
14
Évidemment qu’on salivait, pensez donc. Paul Verhoeven qui signe son grand retour après des années d’absence en filmant Isabelle Huppert dans une histoire de perversions adaptée de Philippe Djan,...
Par
le 27 mai 2016
90 j'aime
6
On pourra sans doute évoquer une manière de féminisme inversé et très personnel – à peine paradoxal chez Verhoeven : on se souvient de la princesse de la baraque à frites dans Spetters, qui essayait...
Par
le 3 juin 2016
75 j'aime
20
Du même critique
Sur le boulevard du crime, vous vous promenez, et tombez amoureux d'une fleur, Garance. Il y a Baptiste, le mime enfant de la lune, tellement fou d' amour qu'il n'ose cueillir la fleur... Frédéric...
Par
le 10 févr. 2013
70 j'aime
15
Qui peut résister à "Singing in the rain" ? Qui peut rester hermétique à ce film qui vous entraine, vous endiable, vous charme et à la fin vous terrasse de joie. Je me souviens encore de la stupeur...
Par
le 25 juin 2013
64 j'aime
18
Longtemps je me suis gardé de rédiger une critique à ce film. Le parti pris du cinéaste, qui de la dérision, à la folle poésie, finissait en mélodrame, échappait en partie à mon entendement. Je l'...
Par
le 21 févr. 2015
58 j'aime
15