Bien qu'il y ait déjà eu plusieurs films ou téléfilms (je pense au Roman d'Elvis signé John Carpenter), il aura fallu attendre 45 ans après la mort du King pour enfin voir le biopic, et vu ici par le prisme de ses relations contrastées avec son imprésario, le colonel Tom Parker.
Honnêtement, pour m'être déjà renseigné sur la vie d'Elvis Presley, largement disséquée et commentée depuis des années, notamment avec le documentaire This is Elvis, je n'allais pas voir le film en pensant apprendre quelque chose, ni jouer au jeu de la ressemblance, ce qui n'est pas le cas d'Austin Butler. Mais pour voir comment le style souvent exubérant de Baz Luhrmann, qui n'avait plus rien réalisé depuis Gatsby le magnifique, mais entre-temps, il était passé à la série avec The get down. Et je pense que l'influence formelle du film viendrait plus de là, notamment avec des scènes en bande dessinée (la petite enfance d'Elvis), le splitscreen ou alors tout le travail sur l'image, avec des inscriptions à l'écran, aussi bien de lieux que de temps, ainsi que le grain pour simuler le 16 ou 35 mm des années 1950 à 70. Il y a aussi tout le côté innovant d'Elvis, notamment son influence du gospel et de la musique noire, qui lui vaudront ces fameux déhanchements, et l'effet sera tel sur les spectatrices que l'une d'entre elles aura les signes d'un orgasme !
J'ai passé un très bon moment, car le film est assez généreux, blindé de chansons, mais pas seulement d'Elvis, avec une mise en scène qui semble avoir mis les doigts dans la prise, car ça n'arrête pour ainsi dire jamais. L'histoire est montrée comme une dualité entre le chanteur, montré comme un oiseau dans une cage dorée, et Tom Parker, auquel Tom Hanks lui donne un rôle plus subtil que le simple méchant, qui tient à garder sa poule aux œufs d'or coute que coute, y compris à l'empêcher de faire une tournée mondiale en signant un contrat avec un hôtel de Las Vegas dans son dos.
Après, je ne peux m'empêcher de me poser des questions sur le côté biopic autorisé du film. Je ne sais pas le degré d'implication de son ex-femme Priscilla ou de sa fille Lisa Marie, mais on sent bien qu'il y a tout un côté ripoliné sur la face sombre du chanteur, notamment sur son addiction aux médicaments, ses tromperies qui sont très vite évacuées ainsi que, et c'est dommage, sur la fin de sa carrière où il était assez gros, mais ça nous vaut une chanson très émouvante. Quel dommage également que toute sa carrière au cinéma soit à peine évoquée, car cela constituait l'essentiel des années 1960, et que lui pensait devenir un acteur sérieux à la James Dean : sauf que là encore, Parker s'arrangeait à chaque fois pour caser des chansons, et ainsi vendre toujours plus de disques.
Je ne pense pas que Elvis réconciliera les détracteurs du cinéma de Baz Luhrmann, mais dans le genre biopic musical, très en vogue depuis le carton Bohemian Rhapsody, c'est clairement une réussite. Aussi bien dans la performance d'Austin Butler, que dans le côté énergique de l'histoire, qui sait également se montrer plus calme dans les moments plus intimes.