Oui. Je sais. Ca vient des Rolling Stones. Et je m'en tape comme du film.
Ce film qui ne montre rien. Où on ne ressent rien à part la pesanteur des 2h40.
Les émotions se sont crashées depuis le gros Convair 880 du King entre Memphis et ma salle de cinéma.
Alors je sais que le style du réal' c'est plutôt de verser dans le montage frénétique et fiévreux mais c'est surtout foutrement raté. Sans déconner. C'est ça tout le crédit que le réalisateur porte à une icône pour illustrer l'intensité musicale d'une époque en lien avec un changement profond des moeurs sociales et sociétales ? Faire une multitude de plans et agiter sa caméra pour refaire des images d'archives déjà connues des prestations d'Elvis en majorité ? Pourquoi ne pas faire tomber le rythme justement ? Calmer la performance scénique ? Prendre de la hauteur et s'éloigner pour montrer ce qu'on ne voit jamais de la vie du chanteur : la lecture spirituelle, les sessions de discussion d'une demi-journée avec son coiffeur, la quête de la foi, sa condition sociale partagée avec les victimes de la ségrégation dans le shotgun house, la création musicale...
Alors il y a bien quelques scénes où on touche à quelque chose d'intéressant (la composition avec son orchestre à Vegas, certains passages intimes des coulisses de son comeback ou encore le déclenchement de pulsions sur les corps lors de ses prestations scéniques) mais c'est toujours traité trop vite ou avec une banalité affligeante. Montre-nous ces corps, fais monter la tension jusqu'à la jouissance et arrête de faire parler tes personnages pour expliquer ce qui se passe.
Même la question de la ségrégation est balayée alors qu'il y a matière : par exemple des radios noirs de l'époque refusaient de passer leur patrimoine musical rural joué par des blancs comme Elvis et Sam Phillips (qu'on ne voit que 1 mn à l'écran) à propulser la carrière du bonhomme en luttant contre tous les racismes pour diffuser la culture musicale prolétaire au plus grand nombre. C'est un biopic non ? Il me semble que si on veut retracer l'histoire d'une vie et faire ressentir des enjeux il faut prendre en compte l'historicité de ce genre de faits qui peuvent même prêter à penser.
Mais non. En fait, le film prend parti simplement pour suivre le cahier des charges du biopic avec la grille de lecture la plus convenue : enfance, ascension, chute sans véritablement corréler le tout aux environnements marchands et politiques et en présence d'acteurs surcôtés qui cabotinent comme Tom Hank et ses prothéses immondes... pitié. Ce n'est qu'une figure sans une once de nuance et de complexité. Son interaction avec le personnage d'Elvis ne fait donc rien ressentir au spectateur qui puisse l'élever à la sortie du film. C'est du divertissement sans fond.
Bref... autant aller regarder le téléfilm mineur de John Carpenter qui avait au moins compris une chose : montrer ce qu'on ne voit pas.