Baz Luhrmann et Elvis, cela fait parti des couples dont l'évidence saute aux yeux lorsque le projet nous est dévoilé.
Les 30 premières minutes d’exposition du futur mythe sont d'une perfection trop rare aujourd'hui et résument à elles seules tout le respect dont fera preuve Baz Luhrmann à l'égard d'Elvis durant le long métrage. C'est avec une réalisation prodigieusement hystérique que se déploie la vie tragique d'Elvis : surimpressions, spleet-screens, scènes clipesques, unes de journaux s'accumulant sous nous yeux, musique extra-diégétique devenant intra etc.
Il y a des biopics comme celui-ci, dont l'ambition est à la hauteur du mythe. Nous faisant ressentir, malgré les années passées, toute l'excitation et le vent de fraicheur apporté par une nouvelle voix, puis plus tard dans le film, par une gueule et un corps se déhanchant comme personne n'avait osé le faire avant lui.
Le film nous propose aussi une réflexion bien contemporaine sur l'influence d'une musique afro-américaine et son dénigrement par toute une partie de la population blanche américaine. L'histoire nous rattrape à plusieurs moments pour nous rappeler cette lutte inachevée et la violence d'une époque : les assassinats de Martin Lutter King, de Robert Kennedy et les discours ségrégationnistes du sénateur James Oliver Eastland en parallèle d'un concert d'Elvis se déroulant au Mississippi.
Enfin, comment ne pas finir en saluant la performance d'Austin Butler qui joue et chante les chansons du King lui même, nous prouvant qu'il n'y a pas besoin de prothèses et de maquillage pour incarner et nous faire ressentir tout le charisme de la première rock star de tous les temps. Il apprivoise avec brio la gestuelle et restitue la fièvre qui s'emparait du King à chaque morceau.