La flamboyance du cinéma de Baz Luhrmann sied à merveille à la légende du King. Il en fait beaucoup, mais il le fait bien !
Sa mise en scène à la fois baroque et virtuose incorpore habilement la musique au récit. Ou bien est-ce l’inverse ? Quoiqu’il en soit, les deux s’imbriquent merveilleusement bien. Une scène l’illustre d’ailleurs parfaitement, lorsqu’Elvis électrise la scène de Vegas alors que son avenir se joue en coulisse sur un bout de serviette. Une scène d’une fluidité et d’une intensité folle, à l’image du reste du film.
La réalisation nerveuse et inventive de Luhrmann ne faiblit jamais. Ça va vite, très vite, ça fourmille d’idées, utilise l’animation ou le split screens, mélange musiques d’époque et contemporaines. Le scénario ne se contente pas d’une biographie linéaire, il digresse, se balade parmi les époques il fantasme un peu aussi. Mais surtout il raconte avec éclat d’où vient Elvis, ce qui l’a construit, ce (celui ?) qui l’a détruit. En explorant la relation ambiguë entre le chanteur et son mystérieux manager, Elvis raconte aussi l’histoire d’un homme sous influence, de ce qu’on donne de son âme, consciemment ou non, pour réussir.
Même si c’est évoqué plus brièvement que la relation de l’idole avec le Colonel, Elvis accorde aussi une place majeure aux femmes de sa vie, sa mère et Priscilla, lui conférant une dimension plus humaine.
Mais surtout, Elvis transmet l’énergie folle, la frénésie du King sur scène. Il le doit beaucoup à Austin Butler, une trouvaille, qui habite littéralement Elvis. Quant à Tom Hanks, qui interprète derrière ses prothèse un beau salopard, fait peu habituel, sans surprise, il est parfait.
Elvis est la confirmation que quand il a quelque chose de fort à raconter, et surtout quand il peut le raconter en musique, Baz Lurhmann, dans son style unique, pompier et extravagant, fait des merveilles.