Baz Luhrmann choisirait-il ses films uniquement à leur potentiel d’ors et de paillettes ? Elvis et sa flamboyance est un parfait sujet pour le cinéaste, qui s’en donne à cœur joie dès les logos d’introduction. Donc pas surpris de voir un film à la gloire du King.
Autre élément récurrent du réalisateur, le narrateur, ici incarné par le Colonel, manager ombrageux et roublard. Contrairement aux autres films, il n’est clairement pas un observateur « moral », et le récit qu’il essaie de maîtriser est sans cesse contredit par les images. Cette fantaisie qui surprend de prime abord ne tient malheureusement pas la route, car raconter Elvis et critiquer le Colonel nous obligé à sortir de son point de vue et le rendre par là-même superflu.
Elvis est un biopic dynamique bien que classique et plaisant à regarder, notamment grâce à un Austin Butler magistral qui fait tout pour s’effacer derrière la légende. J’avoue à tort avoir toujours limité Elvis aux années cinquante, et si je connais l’impact qu’il a eu sur la musique et la libération des mœurs, j’étais moins familière de ses relations étroites avec la communauté afro-américaine. Comme tout bon biopic du XX siècle, le film joue également sur notre appétence nostalgique pour les décors à l’ancienne, les voitures emblématiques et les évolutions très marquées de la mode de l’époque.
Le film se concentre d’ailleurs bien plus sur le décorum, sur le show que sur la musique ou l’homme. Baz Luhrmann aime mettre en scène le spectacle, et se complait parfois trop dans les paillettes et les projecteurs. L’épisode de Noël aurait pu illustrer ce nouvel acte de rébellion et de renaissance — la vie d’Elvis semble en être pavée à ses débuts — avec deux fois moins de temps d’écran. Trop accaparé par le show, le film fait également l’impasse sur les choix et agissements moins recommandables d’un homme certes présenté comme parano et drogué, mais surtout comme victime de son manager. Sans ressentir particulièrement le besoin de salir la personne, je trouve que le film le dépossède grandement de ses choix, que ce soit personnels ou artistiques, et simplifie trop l’homme pour une vision carte postale. En somme, un film hommage non pas à l’homme mais au mythe.