High Cruel Musical
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le 21 août 2024
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Jacques Audiard aborde un sujet très intéressant et important : le changement de vie. N'en déplaise à celles et ceux qui perçoivent en Emilia Pérez un manifeste pour la transidentité, le film apporte une lecture désintéressé du sujet. Il n'est pas question d'un caïd, chef de gang, qui décide de changer de sexe mais d'un être humain plongé dans un monde violent qui ne lui corresponds pas qui souhaite changer de vie et d'action. Le film fait état de questionnement morales, identitaires, politiques et sociales mais ne fait jamais état de questionnement sur la transidentité. Bien au contraire, il use de ce sujet comme d'un moyen de provoquer son histoire et un changement radicale de vie, celui de chef de cartel à directrice d'ONG. Jacques Audiard et le film aborde la transidentité et l'homosexualité avec le détachement que cela devrait avoir dans la société, comme quelques choses de normal et là ce situe la beauté de ce film que beaucoup tendent à vouloir faire percevoir comme un manifeste.
Le film est en arborescence. Chaque histoire se forme, petit à petit, autour de plusieurs personnages sans pour autant se limiter à leur seule lecture, à une contemplation solitaire de ceux-ci. Chacun est lié à autrui et le zoom d'intérêt qui s'effectue sur chacun tout au long du film ne se fait pas au dépends des autres. Bien au contraire, faire exister davantage un personnage pendant un certain temps ne sert que davantage l'intrigue et faire éclater les choses.
Faire un film de plus de 2h s'avère aujourd'hui devenir une norme que très peu semble savoir gérer. Pourtant, ici, le film maitrise parfaitement sa narration, faisant avancer l'histoire par-delà la situation tant attendu, la naissance d'Emilia Pérez, qui pourrait clore le film. Au contraire, le film pousse sa narration en usant des personnages non éponymes et provoquant le temps comment en atteste la fin. Ces dits personnages se révèles toujours plein de surprise et permettent même à 20 minutes de la fin d'être surpris par le courts des évènements.
"...je ne m'attendais pas à autant de chanson." Remarque entendu à la sortie du cinéma, faite assurément par quelqu'un qui n'avait pas pris conscience de l'appellation Comédie Musicale dans le descriptif du film. Je dois avouer quelque chose au préalable, je hais les comédies musicales. Je trouve cela étrange, ennuyeux, et trop absurde. Je suis très vite las de me questionner constamment sur ce qui est dit ou non dans le film, qui relate du fictif fictif ou du simple fictif. Les chansons dans les films ne me sont que des freins à la narration. Pourtant, avec Emilia Pérez j'ai rencontré une narration musicale presque nécessaire, des émotions et ressentis impossible à provoquer sans la musique, une création artistique nouvelle et sublime.
Même les chansons qui n'apportait pas une émotion (à mes yeux) particulière et différente, ne m'apparaissait pas comme soudaine et décalé avec l'ambiance générale. Elles arrivent, chacune, à trouver leur place, le rôle et leur nécessité.
D'un point de vue esthétique, le film est parfaitement maitrisé. L'image est sublime, ne faisant pas pour autant perdre au film une certaine authenticité et beauté. Les couleurs sont forte de leur intensité. La caméra est sublimement manié, dans ses mouvements, dans ses positions.
Tout cela, incarné avec brio par Zoe Saldana qui est tout bonnement incroyable, autant dans sa maitrise corporelle des messages que dans son jeu d'actrice. Karla Sofía Gascón quant à elle joue avec les genres avec justesse, ne tombant jamais dans un surjeux ou une contrefaçons, incarnant parfaitement bien les morales et messages du film.
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Créée
le 2 oct. 2024
Modifiée
le 2 oct. 2024
Critique lue 4 fois
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