Incongru et surcoté

Avec un pitch totalement incongru mettant en scène, sous forme de comédie musicale hispanophone, l’accompagnement par son avocate de la transition de genre d’un Chef de cartel mexicain, on était plus que perplexe à l’idée de voir ou non le nouveau film de Jacques Audiard.

Néanmoins, à la vue de la pluie de récompenses et de nominations recueillies par Emilia Perez depuis sa sortie, il fallait se forger notre propre avis.

Bien sûr, il n’y avait pas de doutes sur le talent de metteur en scène d’Audiard.

Sa filmographie est sans équivoque et ne souffre d’aucunes discussions, même si à titre personnel, je trouve que ses derniers films n’ont pas tutoyé les mêmes sommets que « de battre mon cœur s’est arrêté », « un prophète » ou « un héros très discret ».

Dans Emilia Perez, on retrouve d’emblée la singularité et le travail d’orfèvre propres à la signature de la mise en scène de Jacques Audiard.

Le traitement du film en comédie musicale est une vraie réussite et semble couler de source le plus naturellement du monde, sans jamais porter le moindre contraste au fil directeur du scenario.

Les acteurs sont tous particulièrement bien dirigés avec une mention spéciale pour Selena Gomez dans un contre-emploi absolu.

En revanche, je suis resté de marbre quant au propos du film.

A aucun moment je n’ai cru, ni même été ému par la transition de ce caïd de la pègre, et à la « pseudo » rédemption engendrée par celle-ci.

La relation partagée avec l’avocate m’a semblé bien simpliste, tout comme le dénouement inévitable de cette improbable histoire.

A mes yeux, et malgré toutes ses qualités techniques, Emilia Perez est à l’arrivée un film surcoté qui surfe allègrement sur le wokisme ambiant mais dont le plus gros défaut est de pas susciter d’émotions, ni même d’intérêt réel quant à la destinée de ses personnages, que l'on trouve finalement tous assez détestables

Tout cela ne fait pas d’Emilia Perez un mauvais film, mais certainement pas un grand film immémorial, ni le film de l’année ….