Ça sera toi que j'épouserai, au bout de trois... Cette nouvelle adaptation d'une œuvre de Jane Austen, qui est également le premier film de la réalisatrice Autumn de Wilde, s'offre un bien beau casting (Anya Jay-Taylor, Josh O'Connor, Bill Nighy...) et des costumes à froufrous et décors pastels fleuris qui nous aguichent l'oeil. Le visuel de chaque plan est propre, soigné, indiscutablement élégant, et c'est bien là l'atout de ce Emma., qui comblera les amateurs de romances en costumes. En revanche, on tique sur la musique qui déboule souvent nulle part, impose lourdement son orchestre ou son chanteur d'opéra au premier plan sonore, pour des transitions de 45 secondes qui coupent donc en plein milieu ces morceaux musicaux. À chaque fois juste trop courts pour qu'on s'y soit habitué, mais trop longs pour qu'on ne se demande pas ce que cela vient faire là... De même que le rythme fait parfois défaut à l'œuvre, ajouté à un déséquilibre de style entre les scènes comiques (très burlesques, comme le curé qui se fait taper sur les doigts en voulant prendre un macaron, les hommes qui n'arrivent pas à s'asseoir plusieurs fois, l'obsession des paravents...) et les scènes très guindées, sérieuses voire larmoyantes comme dans un soap... On a souvent l'impression de passer du coq à l'âne, entre les scènes de gags et les scènes "plus nobles". Mais on se rattrapera avec les jeux d'acteurs, dont Nighy s'amuse, O'Connor s'éclate visiblement (le curé qui cabotine, et nous de rire), et même si Anya Jay-Taylor est en légère baisse (on ne peut pas faire les jeux subjugants de The Witch ou Le Jeu de la Dame tous les jours), elle campe son personnage avec crédibilité et finesse (ce qui est déjà beaucoup). On regrette d'ailleurs que son personnage, Emma, soit si mesquin et mauvaise langue, on finit (vite) par le trouver antipathique et son sort final nous est bien égal (ce qui est dommage), surtout que ce final met 2h à arriver (la durée est un peu longue). Mais les costumes sont autant de ravissements que les beaux intérieurs (attention cependant à ne pas filmer trop longtemps les œuvres du château, certains plans font vraiment "visite touristique"), les acteurs s'amusent comme des petits fous, l'intrigue se tient bien, et il y a quelques tentatives de beaux plans d'ensemble (les servantes écarlates qui se suivent sur le pont). Le tout est un petit peu maladroit, mais plein de bonnes intentions, ce qui nous va très bien pour un premier film.