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Emmanuelle
4.3
Emmanuelle

Film de Audrey Diwan (2024)

Après avoir fait l’unanimité avec L’Événement, Audrey Diwan revient avec un film qui divise. En s’inspirant de la figure emblématique d’Emmanuelle, elle conserve uniquement le nom et le concept, déconstruisant le personnage pour en faire une femme moderne. Diwan filme l’ennui de son héroïne, reléguant au second plan le concept initial.


Le film illustre une quête de plaisir, adoptant exclusivement le point de vue du personnage principal, qui en détient la clé et se comprend de manière presque exclusive. Le spectateur, quant à lui, tente de la cerner sans jamais atteindre la compréhension nécessaire pour saisir pleinement ses actions. Une chose est certaine : elle ne parvient pas à trouver de satisfaction sexuelle.


Diwan met en avant deux esthétiques qui s’opposent frontalement. Lorsqu’Emmanuelle n’a pas de relation sexuelle, chaque élément de mise en scène semble la diriger vers une satisfaction potentielle, tel un chemin de croix. Cependant, à chaque fois qu’elle en a, un élément vient briser l’organicité de la scène. Dès la première scène de sexe dans l’avion, le bruit du moteur parasite l’acte, le rendant insignifiant et dépourvu de profondeur ; ainsi, le film instaure une distanciation entre le spectateur et son sujet. Emmanuelle ne prenant pas de plaisir, il devient inutile de styliser ces moments. Certaines scènes semblent même volontairement mal exposées et filmées comme un mauvais film pornographique. Et finalement, lorsqu’elle atteint le plaisir, la scène est hyper-esthétisée, plus que toutes les autres, marquant une véritable réussite.

La metteuse en scène signe une œuvre puissante par sa marginalité, qui, à travers un formalisme lyrique rappelant dans sa représentation de l’ennui le style de Wong Kar-wai ou de Sofia Coppola, décortique la sexualité. Elle mêle une approche théorique qui intellectualise le sexe de manière critique et une mise en scène qui fait de la perception du spectateur une expérience régie par le personnage lui-même, rappelant ainsi le caractère intime du sexe pour soi avant d’être une union de plusieurs corps.


Créée

le 9 janv. 2025

Critique lue 19 fois

Paul SAHAKIAN

Écrit par

Critique lue 19 fois

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