Contrôleuse Qualité pour un grand groupe hôtelier, Emmanuelle Arnaud vole pour Hong Kong. En première classe, elle invite un autre passager à la rejoindre dans les toilettes. Mais le plaisir n’y est pas.
Emmanuelle au XXIe siècle est une femme de pouvoir. Indépendante, elle travaille, observe, initie et donne des ordres au milieu de serviteurs asiatiques. En quête de jouissance dans ce palace immaculé, la belle s’exhibe dans sa baignoire, séduit au bar ou à la piscine, joue les voyeuses près de la remise. Histoires d’eau quand la tempête fait rage au-dehors. A deux ou à trois, qu’importe le sexe de ses partenaires, elle s’ébat et se masturbe sans réelle passion. Les nouvelles technologies lui permettent de photographier son corps de jeune fille en feu quand elle se caresse et de les partager avec l’homme inaccessible, le seul qui l’attire. Dans l’humeur de l’amour, un fantôme, un fantasme ?
Luxe, calme et volupté. On découvre le personnage par ses genoux qu’elle révèle intentionnellement, ses lèvres qu’elle graisse et ses boucles ébène. Ainsi, renaît le mythe érotique d’Emmanuelle sous la caméra d’une réalisatrice qui a su créer L’Evénement, il y a peu. L’idée serait d’en faire un sujet et non plus un simple objet obscur de désir. Soit, mais que l’ensemble paraît daté dans cet univers feutré aux lumières tamisées qu’enrobe une musique ambiante de chics ascenseurs. Malgré les qualités louables de Noémie Merlant, l’héroïne manque de chair et n’émeut jamais. Ses déambulations à pas de louve ennuient, même si une sortie dans les tripots chinois lui redonne un semblant de vie. Sur un thème proche, les chapitres « nymphomaniaques » de Lars von Trier émoustillaient bien davantage avec humour, énergie, provocation et brutalité frontale. Sous pression masculine, le personnage fait certes preuve de sororité, mais il lui faut une bague au doigt pour retrouver le chemin de l’orgasme. Femme libérée, vraiment ?
(6/10)
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