Till est sorti aux États-Unis seulement quelques mois après la signature par Joe Biden d'une loi faisant du lynchage un crime fédéral, puni par 30 ans d'emprisonnement. Un texte qui porte le nom d'Emmett Till, 66 ans après sa mort. Le film de la réalisatrice nigériane Chinoye Chukwu n'a pas la prétention de tout dire sur ce meurtre symbolique de la "puanteur raciale du Mississippi" de l'époque, ce qui est l'affaire des documentaires (il en existe un, datant de 2004), alors qu'elle a choisi de centrer le récit sur la mère de l'adolescent assassiné, son chagrin, sa colère et son courage pour s'investir dans les droits civiques. Par ce prisme puissant et très émotionnel, le long-métrage propose certes une vision partielle de l'affaire, qui omet certains détails (les conditions de la mort du père d'Emmett Till) en accentuant volontairement ses aspects mémoriel et pédagogique. Malgré sa durée supérieure deux heures, le film ne fait pas cependant le tour de la question et ne fait qu'effleurer les conditions de vie de la population noire dans la société raciste des états sudistes, en place dans les années 50, où le meurtre d'un jeune adolescent par des Blancs ne débouchait sur rien d'autre qu'un acquittement. Si Till parait frustrant dans son contenu, ne pouvant susciter qu'indignation et dégoût pour le suprémacisme blanc (toujours vivace, hélas), il n'en est pas moins une œuvre d'utilité publique et salutaire, portée par la très belle interprétation de Danielle Deadwyler. A part cela, le verdict du procès du lynchage d'Emmett Till n'a jamais été révisé !