Hé, m'sieur, siouplait, t'aurais pas un p'tit Oscar à me donner ? Hé, m'dame, un p'tit Oscar siouplait !

Je ne suis pas dans la tête de Sam Mendes, donc c'est impossible pour moi de pouvoir affirmer catégoriquement qu'il n'a réalisé ce film que dans l'espérance d'avoir à nouveau des Oscars. Reste que c'est l'impression qu'il m'a donnée.


Non, mais pour vous, quels sont les thèmes susceptibles de plaire le plus à l'honorable académie ? Le racisme... oui, tout à fait ! Quoi d'autre ? Le handicap/les problèmes mentaux ! Très bien, autre chose ? Le cinéma... l'honorable académie adore que l'on parle de cinéma, l'honorable académie adore se mirer dans un miroir ! Oui, excellent... allez encore un peu plus ! Euh... euh... le harcèlement sexuel... enfin, les abus sexuels en général… ! Oui, c'est bien ! Il est vrai que l'honorable académie doit se refaire une virginité pour essayer de faire oublier qu'elle a léché les burnes, pendant des décennies, à des types comme Weinstein ! Allez, un petit dernier ! Euh... euh... cela se passe dans une époque du passé. Oui, parfait, BINGO... L'honorable académie kiffe ça aussi.


Empire of Light a au moins un mince "mérite", celui de réussir le bingo des Oscars. Oui, oui, tout y est... oui, oui, en un seul film.


Vous allez me dire "ouais, mais si ça fait un bon film, on peut bien être indulgent quant au fait que ce soit un "oscar bait" !". Oui, exactement... sauf que déjà, c'est un mauvais film, et si j'insiste particulièrement sur le côté "oscar bait", c'est parce que Mendes dégage le sentiment d'être tellement obnubilé par l'envie de décrocher une nouvelle statuette, faisant tout pour, qu'il occulte, à cause de cela, juste un petit truc riquiqui, sans importance : une histoire bien écrite (au passage, il en est le seul responsable puisqu'il en est l'unique scénariste !).


Pourquoi ? Parce que, premièrement, c'est impossible de traiter en profondeur chacun des thèmes, condensés qu'ils sont sur une durée d'un peu moins de deux heures (générique de fin compris !). Ce qui a pour conséquence que l'on baigne constamment dans le superficiel. Deuxièmement, parce que, à chaque fois qu'un thème est abordé, c'est par à-coups, en semblant sortir de nulle part, sans que cela coule de source. Deux exemples me viennent tout de suite en tête : l'agression raciste (ben oui, il faut bien souligner avec une subtilité pachydermique... oui, parce qu'on n'a pas le temps de le faire avec finesse, avec naturel... que le racisme, c'est pas bien !) et la séquence à la Cinéma Paradiso (d'ailleurs, ce dernier n'a pas gagné un Oscar ?... oh, bordel, Sam… !).


J'ajoute, en outre, qu'évidemment, la romance entre les deux protagonistes est tout aussi peu creusée que les autres sujets, que les seconds rôles sont négligés (à l'instar, entre tous les autres, de Colin Firth... pourquoi l'avoir pris pour qu'il serve à que dalle ? je pense qu'il y avait du potentiel quant à ses relations, plus ambiguës qu'elles n'y paraissent, entre lui et le personnage féminin principal !), que tout est aussi vide que les tasses que les acteurs prétendent boire. Ah oui, les clients du cinéma ne sont pas capables de desserrer les lèvres pour sortir un petit "bonjour" ou un petit "merci" de temps en temps ? Bon d'accord, la politesse n'est peut-être pas la même dans les pays anglophones qu'en France, mais tout de même...


Ouais, bref, je ne sauve ici que la photographie de l'excellent Roger Deakins, Olivia Colman, qui prouve encore une fois qu'elle est une brillante actrice, ainsi qu'un prometteur Micheal Yard.


Bilan général : c'est un gros ratage. Pour les Oscars qui, à part pour Deakins, n'en a rien eu à foutre de ce film. Ce qui peut être assez étonnant puisque (excepté Parasite !) l'honorable académie n'a récompensé, ces dernières années, au pire, la médiocrité, au mieux, la banalité. Et, bien sûr et principalement, pour le film dans sa globalité. Oscar bait? Oscar fail, surtout...

Plume231
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le 4 mars 2023

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