Sans grande attente de cette comédie dramatique française, bien que présentée à Cannes Première, je me rends à l’une des avant-premières organisées "en fanfare", titre qui ne trouve sa justification qu’ici, et suis embarqué pour 1h43 de belles émotions, parsemées de vrais rires.
Un chef d’orchestre reconnu mondialement, apprend qu’il va avoir besoin de son frère, et par la même occasion qu’il a un frère. Thibaud rencontre alors Jimmy, employé de cantine et joueur de trombone dans l’harmonie municipale, et s’ensuivront des aller-retours entre la Scène Musicale de Boulogne-Billancourt et la salle de répétition de la fanfare de Walincourt.
La bande-annonce ne m’excitait pas, et la complaisance toute parisienne « ils n’ont rien, ils donnent tout » était plutôt espérée. Le trauma Bienvenue chez les Ch’tis sûrement. Après une tournée promotionnelle marathon, crevés, Pierre Lottin et Emmanuel Courcol, n’ont pas été les meilleurs vendeurs à cette AVP. Et finalement j’ai été happé en 5 minutes, notamment par les thèmes abordés.
J’ai rapidement trouvé des personnages écrits avec justesse, complexité et humanité. La condescendance involontaire du chef d’orchestre bien né se heurte à la carapace de Jimmy, ses aigreurs et ses frustrations.
Sur un bon rythme, les événements s’enchaînent sans explications superflues. On va à l’essentiel et se concentre sur le relationnel. J’ai apprécié les petites bifurcations (ça va partir en Sister Act ou en Whiplash, tout ça ?.. ), l’histoire trouve son chemin et évite les condamnations morales.
Thibaud retrouve un peu son passé et va devoir aussi le déposer pour avancer. « Et si » les frères avaient été ensemble ? « Et si » l’un était à la place de l’autre ? Leur rencontre les pousse à briser des barrières mais surtout à se trouver des points communs, puis comparer leurs réussites. Thibaud est un chef qui passe au 20h, et Jimmy a une fille. Ça ne marche peut-être pas toujours très bien, mais ça marche quand même comme la voiture de Jimmy, tandis que Thibaud lui n’a même pas le permis.
Le scénario met surtout l’accent sur la rencontre sociale, plus que sur la lutte.
Le duo Lavernhe Lottin fonctionne, et individuellement aussi ils sont à leurs places. Les comédiens, qui ont des bases musicales, ont travaillé dur pour faire illusion. Les seconds rôles, qu’ils soient clés ou des pauses comiques, sont parfaitement intégrés et n’interrompent pas le déroulé.
Un film qui fait du bien, aux personnages réalistes non dénués d’humanité dans toutes ses composantes, pour cette fin d’année.