Je viens de revoir En fanfare. Ça m'avait plu, j'avais trouvé cela sympathique, l'occasion s'est trouvée d'y retourner en famille.
Certes c'est moins surprenant la deuxième fois... mais j'ai pu constater, en revoyant le film, comme il est astucieusement mené. On navigue tout de même au bord de l'abîme de la démagogie, des bons sentiments, du mélo larmoyant, si l'on y réfléchit. Or le film ne verse pas dans cet abîme, il reste sur une ligne de crête, et c'est une première réussite.
La qualité de l'écriture est fondamentale. Il n'y a pas de temps mort, la relation des frères nouvellement réunis s'approfondit en douceur, par paliers. Certes, Thibaut s'attache de façon un peu disproportionnée à Jimmy, leurs vies sont trop différentes, dans la vraie vie rien de tout cela ne tiendrait la route. Et pourtant, rien ne sonne faux ni forcé.
"Ne sonne", c'est l'occasion de parler musique bien sûr : elle est plus qu'un prétexte à l'intrigue, l'objet fondamental autour duquel les relations se nouent. La musique qui rapproche, car ni le classique, ni le jazz, ni le grand orchestre, ni la modeste harmonie municipale, ne sont opposés, jugés, hiérarchisés. Les deux frères se rencontrent parce que l'aîné a besoin d'une greffe de moelle et que son frère peut le sauver ; leur relation, qui est au cœur du film, est l'histoire d'une rencontre qui n'aurait jamais dû avoir lieu, et qui se fait en musique, autour de la musique, par son biais.
Le film revêt selon moi une dimension assez universelle, qui tient au message qu'il fait passer : la vie est faite d'épreuves, et on a beau se battre, on n'est pas grand-chose, Thibaut face à la maladie, Jimmy dans ses démêlés avec l'autorité, les ouvriers dont on ferme l’usine — et cependant, quelque chose nous unit, un sentiment de fraternité, qui ne demande qu'à s'exprimer.
J'allais même dire, à être ressuscité. Parce que le film, en définitive, s'il est tout sauf donneur de leçon, inspire de l'espoir, infuse une forme de joie chez le spectateur. Une valeur peut-être quelque peu passée de mode, la fraternité ?
Que la fin soit gaie ou triste, on s'en fout un peu en fait. Le message est passé.