Suite d’un remake, qui n’a rien à voir avec le dit remake et encore moins avec la saga originale, c’est aussi ça la magie d’Hollywood. Clairement, le scénario de « Quarantine 2 : Terminal » a été choisi par des producteurs peu scrupuleux, qui après avoir acheté le titre, lui ont accolé un 2 et basta. Le projet de John Pogue ne se destinait en rien à être une suite, il a juste été emboité dans une franchise à gros coup de pompe.
Le plus révélateur avec ce film, c’est son budget de 4 millions de dollars, soit un million de plus que « [REC] 4 : Apocalipsis ». Il démontre parfaitement que n’importe qui n’est pas capable de mettre en scène une œuvre excellente à peu de frais. Finalement, « Quarantine 2 : Terminal » permet de réévaluer toujours plus à la hausse la saga « [REC] » dans son ensemble, et l’admirable travail de Jaume Balagueró et Paco Plaza.
Après, le film de John Pogue ressemble un peu à toutes les mauvaises petites productions horrifiques qui sortent en masses des collines californiennes. Très peu de décors, ici c’est un avion peu crédible, puis une usine (symbole ultime d’un septième art fauché, n’en déplaise à Albert Puyn), et c’est tout. Peu de gore, des maquillages exécutés à l’économie, et des comédiens livrés à eux-mêmes, n’aident en rien une entreprise vouée à l’échec, même sur le papier.
L’image est dégueulasse, mais dans le mauvais sens du terme. Elle ne s’avère même pas travaillée pour l’être. La mise en scène sans imagination enchaîne les plans sur-cuttés pour donner une impression d’intensité, quand tout ce qui en ressort est le sentiment brouillon d’un cache-misère. Après, bon, il est vrai que c’est un peu facile de dézinguer, puisque clairement c’est fait dans l’urgence, avec sans doute une pression des producteurs, pour sortir au plus vite un produit destiné à remplir les bacs de DVD des magasins d’occase.
Que ce soit une suite d’un remake de « [REC] » ne lui rend pas non plus service. Cependant, ça lui permet d’inscrire Jaume Balagueró et Paco Plaza au générique. N’ayant certainement rien demandé, ils se retrouvent ainsi associés à une production lambda proche du Z, quand en 2007 ils venaient à leur manière, et avec panache, dynamiter un cinéma horrifique mondiale un peu en déroute (si ce n’est en Corée du Sud, où l’approche bien particulière du genre le renouvelle sans cesse). En France, il y eut quelques fulgurances dans les années 2000, avant de devenir une grosse blague, à l’image du cinéma français dans son ensemble.
Et c’est exactement ce type d’œuvre, pourtant datée de 2011, qui se sont accroché comme un boulet au genre pourtant si riche de l’Horreur. Ce dernier connaîtra toutefois une résurgence à Hollywood à partir de 2015 et propose aujourd’hui régulièrement des productions de qualité, très souvent le fruit de cinéastes étrangers. « Quarantine 2 : Terminal » sort un an avant « [REC]3 : Génesis », mais a clairement dix ans de retard, sur le fond comme dans la forme. C’est encore plus frappant lorsque l’on prend en compte que « 28 Days Later » date de 2002…
Résultat des courses, ce métrage inutile saura quand même séduire les plus déviants, car il est vrai que l’ensemble cheap (comme l’écran vert final, digne d’une incrustation Windows 98) peut avoir un certain charme, lorsqu’on s’y montre sensible… Cependant, cela en fait un film de niche pour pucerons, quand une œuvre optimale telle que « [REC] » se présente en invitation pour quiconque à se lancer dans une expérience horrifique virtuose et frissonnante.
À l’Ouest rien de nouveau, pourrait-on conclure.
-Stork._