Un peuple d’extraterrestres, les Boovs, en fuite perpétuelle devant leur grand ennemi galactique, les Gorgs, trouve refuge sur Terre, parquant tous les humains en Australie afin d’occuper leurs habitations. Mais un Boov maladroit, Oh, commet une monumentale erreur, risquant d’attirer les Gorgs vers la Terre dans les plus brefs délais. Avec l’aide d’une humaine dénommée, par on ne sait quel délire scénaristique, Apéritif, il va devoir réparer son erreur, contrer son propre peuple qui le recherche activement, et enfreindre la loi principale du peuple Boov en faisant face au danger…
Il est malheureusement devenu bien rare qu’on ait de grandes espérances face à un film venant des studios Dreamworks. Avec En route !, Tim Johnson fournit aux studios Dreamworks un film qui constitue le maillon parfait pour relier les extrémités du grand écart qui sépare l’atterrant Pingouins de Madagascar et l’excellent Les Croods. Du côté du premier, on retrouve des graphismes sans aucune finesse enlaidissant à plaisir ses personnages, guère compensés par des plans constamment mal choisis, qui ne confèrent jamais à cette histoire l’ampleur qu’elle méritait. On retrouve également, mais en bien moindre partie, un humour bas de gamme, quoiqu’ici, il descende moins souvent en-dessous de la ceinture. Toutefois, contrairement aux désastreux Pingouins, ici, cet humour fonctionne plus fréquemment, et on arrive à peu près à un équilibre 50/50 : pour une blague ratée, une blague (à peu près) réussie. Certes, le rire sera souvent plus indulgent de la part du spectateur que volontaire, mais parvient à ne pas faire de ce film une heure et demie de torture.
Là où le film échoue complètement, c’est sur ses aspects épiques et émouvants, alors que le scénario, malgré quelques inepties déconcertantes (mais un twist intéressant), offrait de bonnes bases à un excellent dessin animé, hilarant, spectaculaire et profond. Car outre l’humour inégal et le grand spectacle absent, l’absence totale d’empathie du spectateur pour les personnages lui interdira toute émotion. C’est bien dommage, car sur ce point, En route ! offrait de nombreuses occasions, mais la plupart sont manquées.
Cela n’empêche pas que le film de Tim Johnson laisse suffisamment souvent apercevoir la petite perle qu’il aurait pu être pour qu’on n’en sorte pas avec l’impression d’avoir complètement perdu son temps. Mais en tous cas, il est la preuve que Dreamworks n’est à l’aise que dans le registre épique (Dragons, Kung-Fu Panda, Les Cinq légendes, Les Croods). C’est pourquoi, pour apprécier un film à la morale sensiblement similaire, mais qui ne recule pas devant le grand spectacle, on reverra plutôt avec plaisir un petit chef-d’œuvre tel que Les Croods.