Voici le premier film de Christophe Offenstein, plutôt chef-opérateur de métier.
Voici aussi un des films les plus navrants qu’il m’ait été donné de voir au cinéma. Collègue (et ami ?) de longue date de Guillaume Canet - et de François Cluzet par extension – il s’équipe pourtant d’un casting sérieux et ose un pari risqué : faire partager le quotidien et la tension d’un skippeur aux prises avec la mer, seul.
Première erreur : la musique. Mais pourquoi ces airs mièvres et cette tonalité légère ? Yann ne va compter fleurette à une douce inconnue, il va faire le tour du monde en solo !!!

D’ailleurs, ce film porte bien mal son titre. Nous avons en fait à bord : un émigré, un autre skippeur naufragé, et Franck Drevil. Et en plus, la mise en scène – collée sur le bateau et en caméras embarquées – ne permet pas une fois de ressentir l’éventuelle « solitude » du personnage. Il n'y a aucune profondeur dans les images et aucun plan n’est beau, la seule prise de vue en hélicoptère se situe dans les dernières minutes ! On ne ressent pas un seul instant le danger et la force de la mer face à ce monocoque qu’on imagine perdu dans les vagues ou les tempêtes. Le moindre début d’atmosphère mis en place est aussitôt détruit par une pauvre séquence familiale qui n’apporte rien !

Voilà une sélection des perles qui m’ont fait boire la tasse :
- La relation qui se met en place avec Mano est digne d’un téléfilm TF1.
- Le petit garçon paumé qui n’est bon qu’au foot et qui veut se faire soigner d’une anémie, qu’il qualifiera de « doom » jusqu’au bout, malgré les mots du médecin. Ah oui, et qui parle comme un enfant des cités.
- La famille qui attend patiemment sans trop se morfondre quand même, grâce à la belle technologie des tablettes et des photos de couchers de soleil.
- Le dessin de la petite fille pour Noël : son père à bord de son bateau, avec la marque du sponsor.
- La phrase « En solitaire, mais à deux ».
- La victoire délibérément avortée du skippeur, parce que finalement, ce n’est pas la destination qui compte, mais bien le voyage…

Au secours ! Où sont passées les notions de liberté, les images d’horizons à perte de vues, l’abandon de repères et l'approche du doute, le combat de l’homme face à la nature déchaînée ? Et bien j’ai la réponse : nulle part dans cette heure et demie…
Ce film, en fait, c’est la mer à boire… Et en plus l’addition était salée…

En un clic : C’est un mauvais téléfilm TF1 (pléonasme ?), ni plus ni moins. François Cluzet a du se sentir bien seul à bien des moments.
WillsMind
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le 14 nov. 2013

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