Les classiques Disney et moi c'est une bien longue histoire (comme beaucoup, même si ladite histoire peut varier selon les uns et les autres). Après un certain détachement des productions courant 2000's, j'avais apprécié le renouveau provoqué par Raiponce, re-savourant tel un enfant ces films qui tentent d'offrir autre chose qu'une expérience cinématographique.
Las, mon appréciation des films qui ont suivi a beaucoup varié et si j'ai une sympathie non dissimulée pour le premier Ralph et Zootopie, pour le reste ce fut moins positif (sans pour autant être négatif, juste... meh), à la notable exception de Moana que j'avais beaucoup aimé.
De par ses thèmes, sans chansons, ses persos, son animation, son univers, il avait proposé ce petit quelque chose de magique et wholesome qui faisait la marque des plus grands classiques Disney.
Depuis Ralph 2 a été décevant, j'ai skippé Frozen 2 n'ayant pas vu le premier nom plus, et enfin Raya m'avait vraiment laissé sur une impression de film mineur malgré le résultat visuel qui était époustouflant.
Je n'attendais honnêtement pas grand chose de ce Encanto, mais la présence de Stephanie Beatriz que j'avais beaucoup vu dans Brooklyn 99 et la participation de Manuel Lin-Miranda avaient su titiller mon attention, attention décuplée suite à une bande-annonce qui laissait déjà entrevoir une direction artistique et musicale de qualité.
Le visionnage enfin terminé, je peux effectivement dire que j'ai passé un très bon moment. Visuellement c'est clairement somptueux, aidé par une animation toujours aussi fluide et efficace. On a tendance à prendre ce genre de résultat pour acquis et encore davantage parce qu'on parle de Disney mais il n'empêche : il y a un beau boulot qui a été abattu sur le plan technique.
Une technique irréprochable ne serait cependant rien sans une histoire qui prend, les personnages qui la composent, et l'univers dans lequel elle se déroule. On pourrait presque parler de pièce de théâtre classique tant le film épouse (à peu de choses près) la règle des trois unités.
À mi-chemin entre Moana et Coco de Pixar, Encanto propose une grande galerie de personnages hauts en couleurs et attachants, qui malgré les archétypes qu'ils incarnent possèdent leurs petits traits de caractères et tapissent mine de rien une des thématiques abordées dans ce film : celui d'être à la hauteur d'autrui (et par extension selon soi-même), mêlée à une histoire de grande famille.
Des personnages baignés dans un petit cocon vivace et propice à une atmosphère chaleureuse et joviale, aidée par des musiques que j'ai trouvé très entrainantes.
Avant de parler de ce qui m'a vraiment fait apprécier le film, parlons tout de même de ses défauts : ça reste un classique Disney. Il y a un cahier des charges facile à établir et l'on pourrait tout aussi facilement se préparer un petit bingo avant le lancement de ces films. Des étapes obligatoires, des erreurs provoquées par les protagonistes pour faire avancer l'intrigue, etc etc..
Et c'est bien dommage, car ce sont des moments qui dénotent totalement avec le reste des propositions du film, beaucoup plus organiques car on sent bien assez vite l'influence et l'inspiration des artistes ayant écrit et composé pour le film. Le film ne renouvèle pourtant pas cette recette non plus : exactement comme Blanche Neige était un patchwork visuel et narratif du conte et des contrées germaniques 85 ans plus tôt, Encanto est un patchwork visuel (moins narratif) de la culture colombienne. Et pourtant le film en a de la personnalité.
Il ne la dégage d'ailleurs jamais aussi bien que quand il s'éloigne des passages obligés du cahier des charges si bien que par moments, en particulier sur le dernier quart d'heure, j'étais pressé qu'on repasse sur "le film de Miranda et ses collaborateurs", et pas "le film de Disney".
Mais voilà à la toute fin, entre la musique diablement efficace, les personnages attachants, les visuels et l'animation époustouflants, les thèmes abordés avec sincérité, le film a délivré une pléthore de moments qui m'ont vraiment tantôt ému, tantôt fait beaucoup rire. Disney n'a jamais eu la prétention de casser les codes de ses classiques, mais quand il donne les moyens à des artistes de se les approprier pour raconter quelque chose de plus sincère, ça se voit et Encanto fait selon moi partie de cette catégorie parmi les classiques.
Parce qu'il m'a à ce point fait valser dans mes émotions et diverti par la même occasion, je pardonne sans trop trembler à ce film de suivre une roadmap parfois un peu trop visible, c'était un chouette moment.