Au risque de décevoir ceux qui sont venus vers ce film pour son côté enquête policière, cet aspect du film n'est qu'un prétexte à montrer le quotidien (à la mode hollywoodienne) de la dictature communiste.


La poursuite d'un meurtrier d'enfant, qui aurait été le noeud central de n'importe quel thriller abordant ce sujet, n'est ici que secondaire face à la vision effrayante d'un totalitarisme aveugle. Là où un vrai thriller aurait multiplié les scènes de meurtres plus ou moins gores, "Enfant 44" enchaîne plutôt les moments de tension où les protagonistes s'enfoncent de plus en plus dans les méandres de la bureaucratie soviétique. Comme s'ils n'avaient aucun moyen de se faire entendre ou de faire valoir leur bon droit, les personnages sont victimes d'un régime paranoïaque où seule l'allégeance totale au parti est reconnue, obligeant la population aux plus infâmes bassesses pour sauver leur vie et celle de leur famille.
La prestation de Tom Hardy s'en révèle en conséquence un peu plus sobre qu'à son habitude, un certain charisme se dégage même de ce personnage fruste mais intransigeant dans ces principes. Noomie Rapace quant à elle reste fidèle à elle-même, on à l'impression qu'elle ne sait pas vraiment ce qu'elle fabrique ici, et ça fonctionne ici plutôt bien puisqu'elle n'est jamais maître de son destin. Les autres acteurs sont bien fades face à ce couple persécuté à la relation ambiguë (même l'excellent Gary Oldman ou notre Vincent Cassel national qui fait une ou deux apparitions furtives), si ce n'est le collègue du héros, joué par Fares Fares (déjà aperçu dans "les enquêtes du département 5") avec une espèce de tension intérieure réprimée fort à propos.


Au final "Enfant 44" n'est pas un mauvais film, dès l'instant où ne s'attend pas au thriller policier annoncé. Les scènes d'action sont rares, de même que le côté sanguinolent propre au genre, mais sont avantageusement remplacées par une ambiance rendue oppressante par la volonté de tout un système de contrôler chaque individu aussi bien dans ses mouvements que dans ses pensées, quitte à nier l'évidence et les droits élémentaires de chacun en une sorte de "1984" au pays des soviets...

namor
5
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le 12 août 2016

Critique lue 322 fois

namor

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