Apocalypse Ñow
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Enième film traitant de la lutte acharnée du gouvernement américain contre la drogue, et plus particulièrement contre les cartels mexicains qui infiltrent peu à peu le territoire US avec leurs méthodes d'intimidation barbares, "Sicario" pourrait être considéré comme un "Traffic" en moins ennuyeux.
Là où le film de Soderbergh, dans lequel Benicio Del Toro joue également, essayait d'esthétiser ce combat avec de jolis plans contemplatifs et des filtres de couleurs posant une ambiance bien particulière pour chacun des protagonistes, le réalisateur de "Sicario" va à l'essentiel et ne laisse pas de répit au spectateur. A l'image de l'héroïne du film secouée dans le flot des événements qu'elle ne maîtrise pas, on est un peu perdu face aux agissements de la bande de mercenaires emmenée par Josh Brolin.
Pourtant le plan d'ensemble et les motivations du mystérieux Del Toro se dévoilent au fur et à mesure que la tension monte. Ce côté haletant couplé à l'impression de main-mise totale d'une mafia sur la vie de millions de gens (aussi bien côté mexicain qu'américain avec le sort peu enviable réservé aux migrants illégaux, pris en otage par des passeurs véreux et pourchassés par les autorités US) donne un côté inévitable aux évènements du film, comme si les personnages n'avaient pas le choix pour arriver à leurs fins.
Car outre l'aspect film d'action, "Sicario" propose une réflexion sur le bien-fondé des méthodes à utiliser contre ces criminels en développant le thème du "la fin justifie-t-elle les moyens?" cher au cinéma américain. Une nouvelle fois l'affrontement du Bien contre le Mal, dont tout manichéisme a été purgé, semble perdu d'avance, d'autant plus que les "gentils" deviennent aussi impitoyables que leurs ennemis, quitte à persécuter eux aussi les populations innocentes. C'est cette ambiguïté, incarnée par l'inquiétant et très efficace Del Toro, qui permet au film de regarder un peu plus loin que le bout du fusil d'assaut, pour montrer que le combat ne peut pas être gagné, surtout pas en devenant pire que les bêtes combattues...
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le 10 août 2016
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