Peter Bogdanovich est cinéaste cinéphile sans doute un peu trop nostalgique de films vus autrefois. Pour moi le plus beau, DAISY MILLER, se hisse sans problème dans les hits du Nouvel Hollywood. Celui qui le suit immédiatement, ENFIN L’AMOUR, est une comédie musicale assez mal aimée. On y retrouve ce volontarisme de certains Bogda (allez les acteurs, on fait les foufous !) sauf qu’ici tout le monde est bourré en permanence, ça vire vers James L. Brooks et ses loosers extrabrite en panique, qui s’agitent pour se donner l’impression de vivre. Aucun des acteurs n’est vraiment danseur, on fait ce qu’on peut mais avec application, sans désinvolture aucune, et il y a un charme puissant à cette convocation à la fois titubante et joyeuse d’un âge d’or révolu (les tubes décidément géniaux de Cole Porter). Le film « joue le jeu » avec insistance, comme si c’était la seule façon de marcher droit en pleine crise éthylique, mais trahit sa mélancolie dans une fin superbe. C’est une vraie comédie musicale « à la manière de », tournant le dos à toute recherche de modernité, sans pour autant survendre sa nostalgie comme Lala land (je ne lui vois qu’un rejeton tardif, Tout le monde dit I love you). Et il faut avoir vu une fois dans sa vie Burt Reynolds chanter et faire des claquettes…