Le cinéma et le théâtre fonctionnent avec des codes différents, et ce serait erroné de vouloir retranscrire fidèlement l'un vers l'autre sans s'adapter à la dynamique spécifique au médium. Pourtant, ça ne dérange pas Ralph Fiennes, dont l'initiative d'adapter la pièce de Shakespeare dans un contexte moderne est louable. On n'a aucun mal à croire à ces conflits militaires et révoltes populaires politisés ; des scènes toujours d'actualité. Par contre, avoir conservé les références aux us et coutumes des Romains des siècles pre-Jésus-Christ, ainsi que la syntaxe et les formulations en anglais élisabéthain, crée une dissonance culturelle qui rend totalement caduque cette mise en scène moderne. Principalement porté sur les proses interminables des personnages, le film pâtit d'un manque de rythme, également dû à ce mixage sonore qui met en avant les échanges parlés et garde le sound design mutique, tout comme le travail trop succinct mais pourtant intéressant d'Illan Eshkeri sur la bande-son. On ne peut nier l'effort fait pour moderniser les visuels, ainsi que l'implication d'un beau casting (Fiennes, Butler, Chastain, Cox, Redgrave), sans jamais se défaire du sentiment d’assister à une représentation en décors naturels, où chacun récite, sans trop de naturel, ces phrases pleines de revers et cassures.