Ah cette fameuse séance du dimanche matin... Elle peut parfois nous réserver bien des surprises, bonnes ou mauvaises par ailleurs, mais ce qui ne change jamais, ce sont les prostates usées d'un public plus proche de la fin que du début. En bref, j'aime la séance du dimanche matin.
Enquête sur un scandale d'Etat, dont l'affiche ressemble au début d'un reportage du journal Brut est un film d'une efficacité implacable qui nous gratifie d'une mise en scène soignée.
Beaucoup reprochent au film son côté trop verbeux, probablement car ils ont encore la tête à Bac Nord et sa mise en scène explosive.
Cependant, c'est bien ce qui fait tout le réalisme du film qui ne s'égare à aucun moment dans le spectaculaire inutile.
Beaucoup font l'erreur de penser que le thème du scandale doit être filmé de manière scandaleuse, ce qui induirait une mise en scène ultra dynamique avec des rebondissements à chaque plan du film.
Ceci est faux, et bien au contraire, la façon dont Thierry de Peretti aborde le sujet va à l'inverse de ces idées préconçues.
Par exemple, on s'aperçoit qu'une enquête de ce type est souvent très laborieuse et que la relation entre un indicateur et un journaliste est complexe. En effet, une enquête peut avancer d'une case pour reculer de trois le jour d'après. C'est la raison pour laquelle une mise en scène qui prend son temps est bien plus efficace.
Cependant, une mise en scène lente ne veut pas forcément dire qu'elle ne sollicite pas son spectateur. Ici, c'est parce que le réalisateur fait entièrement confiance au spectateur que celui-ci doit faire l'effort de démêler les différents enjeux du film.
Le film peut donc être difficile d'accès pour certains qui auraient des attentes de spectaculaire, mais pour ceux qui oseront s'immiscer dans l'ambivalence des rapports entre les différents personnages ainsi que les sous-entendues qu'impliquent les scènes de dialogues, alors ce film pourra parfois vous rappeler l'œuvre d'un certain Michael Mann et par la même occasion, susciter votre intérêt.
Enfin, l'interprétation du trio Lindon, Marmai, Zem est juste, car ils n'essaient pas de s'attribuer par leur jeu une dimension héroïque qui ne collerait à aucun moment à la simplicité de leur milieu d'origine. On est loin de l'idée américaine selon laquelle on devrait attribuer des destins fictifs et fantaisistes à des personnages qui sont des M. tout le monde en puissance.
Un film politique qui questionne la morale dans une démocratie ou flics et voyous sont assez paradoxalement souvent du même côté de la barrière.
N'oublions pas que le cinéma n'est pas seulement un divertissement. C'est aussi lorsqu'il nous demande un effort qu'il s'élève au rang d'art.