Rah je me trouve méchant avec cet « Entre deux rives », mais au final il m’est vraiment difficile de lui mettre plus…
Pour être honnête avec vous, au départ j’étais parti pour lui mettre « 6 étoiles » tout en reconnaissant que c’était fort gentiment payé. Mais en écrivant ma critique, je me suis rendu compte qu’en fait, j’avais trop de reproches à faire à ce film pour lui mettre autant…
Alors oui, j’avais beau vouloir être indulgent à l’égard d’un film qui – une fois de plus – souffre d’un choix lamentable de titre pour sa sortie en France, mais au final je préfère rester attaché à mon ressenti final…
Pourtant, il a su quand même me divertir jusqu’au bout ce film, et sans trop de lassitude qui plus est ! Donc oui, j’aurais pu être clément. Au fond l’histoire n’est pas si inintéressante que cela et sait être portée par un personnage simple et humain. Donc, sur ce plan là, j’aurais envie de dire « Oui, pourquoi pas… »
Seulement voilà, disons simplement que ce film aurait pu être tellement plus efficace s’il avait su se faire moins bavard et plus direct ! Et dire ça d’un film de Kim Ki-Duk, bah c’est un peu triste quand même, parce qu’à la base c’était un peu ça la marque de fabrique et la force du bonhomme… Et je m’en veux presque d’avoir à dire cela parce que j’aime prendre les films avant tout comme des œuvres à part entière plutôt que dans une logique de politique des auteurs. Mais bon, là, en voyant ce film, je n’ai pas pu m’empêcher de réfléchir à chaque fois comment le Kim de « Locataires » ou de « Samaria » aurait su gérer ça avec beaucoup plus d’efficacité.
Parce qu’au fond, Kim est resté Kim au moins dans sa manière de construire son histoire. Encore une fois, on a à faire là à une sorte de fable humaine assez singulière dont le but est de poser une sorte de fatalité tragique. Par contre, le problème, c’est que ce coup-ci, je trouve que Kim n’a pas su adapter la forme globale de son œuvre à cet aspect « fable ».
La structure d’une fable est, par définition, assez saillante, pour ne pas dire grossière, afin qu’on puisse justement l’identifier facilement. D’habitude, Kim Ki-Duk savait compenser cela grâce à une forme de souplesse dans le non-dit. Les films parlaient peu. Ils laissaient beaucoup de place au sensoriel, à la liberté d’interprétation, à la symbolique…
Là, dans cet « Entre deux rives » chaque personnage est très bavard ; trop bavard ; trop didactique dans ses propos. Non seulement ça rend la trame de l’histoire bien trop surlignée, mais en plus ça alourdit l’intrigue qui peine parfois à dérouler sa mécanique. Et quand on est capable d’anticiper tout ce qui va se passer à l’avance (parce que c’est justement le principe d’une fable) mais qu’il n’y a pas la promesse d’une expérience sensorielle pour compenser, eh bah ça peut vite devenir assez lourd, grossier, et presque moraliste.
Dommage donc que la légèreté et la crudité du maître se soient prises dans les mailles du filet car, pour le coup, on aurait pu vraiment hériter d’un très bon film…