Petit polar intéressant ne serait-ce que par l'ironie omniprésente à tous les étages.

Une histoire de sosies ? "Oh, j'y crois pas, ils nous prennent un peu pour des imbéciles !" dit cette dame en sortant d'un cinéma au bras de son mari, après un film où il était justement question de sosies. Juste avant de voir, la bouche en cul de poule, sortant du cinéma de vrais sosies de son mari, épousé parce qu'il était unique …

Imbéciles ? Ben justement, Henri Jeanson, le dialoguiste, égrène le film du mot "imbécile" à toutes les sauces. Louis Jouvet ne peut dire la moindre phrase à son adjoint sans la terminer par un "imbécile". Irma, la bonne de l'avocat traite les deux petits marlous à la mie de pain d'imbéciles. Florence, la fausse noyée, traite aussi ses anciens amants d'imbéciles … Le jeu, lors d'un prochain visionnage sera de les compter … un peu comme je faisais au lycée en cours quand un prof avait un tic verbal …

Dans ce film, l'inspecteur (Louis Jouvet) découvre soudainement qu'une des victimes lui ressemble comme une goutte d'eau. Qu'à cela ne tienne, nous voilà avec un Jouvet qui chausse les pantoufles et la robe de chambre du mort pour faire avancer son enquête. Et en plus, ça marche, les truands n'y voient que du feu.

C'est là, bien entendu, qu'il y a une bonne dose de second degré dans le scénario car qui peut croire que, sur la durée, la supercherie va fonctionner … Il suffit que Jouvet avance un mot pour que l'interlocuteur poursuive la phrase apportant l'information qui justement manquait.

Et puis, il rencontre Madeleine Robinson dans le rôle d'une directrice de maison de haute couture qui fut la maîtresse du mort. Le nombre d'incohérences qu'accumulera sans savoir Jouvet fera que le masque tombera. J'aime toujours beaucoup la finesse et la présence de cette actrice dont le rôle dans le film sort du strict cadre de la pègre. Enfin, presque ! Car elle a le culot, lors d'une revue, de nommer les robes présentées par les mannequins, d'expressions inspirées de titres de polars à succès de l'année comme "j'irai cracher sur vos tombes", "j'ai mordu l'archevêque ", "il faut poignarder les colombes", "j'ai descendu un flic", etc

Enfin, pour finir, c'est indéniablement un polar très sérieux tout en étant très jubilatoire, avec une enquête qui progresse tranquillement où Jouvet, en définitive endosse en même temps trois costumes avec son brio habituel : celui du flic, du malfrat et même celui de l'amoureux.


JeanG55
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le 23 janv. 2025

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