Neil Jordan adapte le best-teller homonyme d'Anne Rice. Officiellement c'est l'écrivaine Anne Rice qui signe le scénario de ce film. Officieusement le réalisateur l'a modifié (non crédité) pour rendre l'ensemble cinématographique. Ce long métrage est un rafraichissement dans le cinéma sur le mythe du vampire.
Pendant 2h dans un appartement à San Francisco Louis raconte sa vie de vampire (débutée en 1791) à un journaliste qui comme nous n'en perd pas une miette. C'est une damnation douloureuse à porter. C'est donc une fresque de 2 siècles qui est déroulée pour le plus grand plaisir de yeux sous la voix off du personnage principal.
Tom Cruise (Lestat) livre une de ses meilleures (si ce n'est la meilleure) interprétation de sa carrière. Anne Rice qui ne le voyait pas du tout pour le rôle en a été la première surprise.
Brad Pitt (Louis) joue sobrement (depuis il regrette un peu ce film). C'est ici le premier rôle de Kristen Dunst (Claudia). Christian Slater interprète le journaliste (rôle devant être initialement tenu par le regretté River Phoenix auquel le film est dédié). On retrouve aussi à la distribution Antonio Banderas (Armand), Stephen Rea (Santiago) et même Thandie Newton.
Là où le long-métrage va marquer le genre du film de vampire, c'est à travers ses thématiques. En effet le scénario questionne et confronte constamment monstruosité, humanité, l'immortalité, l'innocence, la fascination et l'homosexualité.
Le long-métrage brille également par un savant mélange des effets spéciaux dans une période charnière et novatrice pour ces derniers (début des 1990s). On alterne entre morphings, animatroniques (Stan Winston), maquettes, effets visuels à la fois discrets et subtiles. Ces prouesses à l'image sont l’œuvre de la société Digital Domain (créée en 1993) dont c'est ici 2e fait d'arme après True Lies (1993).
La direction artistique avec décors de Dante Ferretti est magnifique. Idem pour les costumes. La photographie du chef opérateur Philippe Rousselot (La Reine Margot, 1994) est somptueuse.
La musique de Eliott Godlenthal retranscrit assez bien l'horreur et l'ambiance mélancolique du film avec ses grandes envolées brutales de violons et de cuivre. On a même le droit en fermeture à une reprise efficacement redoutable de Sympathy for the Devil par Guns N' Roses.