Le cinéma de Lars Von Trier est inclassable tant il parvient toujours à rompre toutes les attentes du spectateur, et à l'amener là où, lui, le souhaite.

Dans ce film, le réalisateur ne cherche pas à plaire, ni à flatter la rétine. Du noir et blanc assez terne, à part pour quelques scènes - contrairement à celui utilisé dans La Nuit du Chasseur de Laughton -, des scènes interminables sur les élucubrations des deux personnages principaux, Lars et Niels, des digressions majestueuses de vacuité scénaristique, voilà ce qui vous attend dans ce film. Est-ce un mauvais film pour autant ?

L'adrénaline n'est pas vraiment au rendez-vous. L'idée du Dogme 95 lui trottant déjà dans la tête, Lars Von Trier réalise une sorte de docu-fiction où il se permet toutes les fantaisies et où il inclue certaines scènes de vies quotidiennes qui laissent perplexes. Les deux personnages expérimentent, et on se prend parfois à rire de leurs trouvailles, comme l'ouverture d'un dentifrice ou la correspondance avec de jeunes américains en manque d'amour. Ces scènes ne sont pas déplaisantes, mais ont tendance à envahir le film.

Pourtant, la trame principale - deux amis qui perdent leur manuscrit et qui, dans la diégèse, vont chercher des idées pour réécrire un scénario de film - est excellente et propice à tout un cheminement menant aux idées. Ce déroulement fait d'ailleurs un peu penser à celui de Jamal dans Slumdog Millionnaire, qui se souvient de ses expériences pour répondre à des questions. On est désolé pour Lars et Niels, mais on s'attend à ce qu'ils trouvent une solution.

Tout semble réel, ici. Le réalisateur et le producteur jouant leur propre rôle de créateurs d'Epidemic, des personnes qu'interviewent les "héros", des conversations entre amis qui auraient très bien pues être filmées par une caméra amateur, on est au plus proches des personnages. La manière de jouer de Niels Vorsel est géniale. En plus d'apporter un certain relâchement à la tension du film, c'est dans ce personnage que le spectateur se reconnaît le mieux car il donne un certain degré au film, tandis que celui de Lars Von Trier reste en retrait, plus observateur.

J'ai apprécié certains moments du film, la démarche du réalisateur et l'idée scénaristique, mais la mise en scène est à double tranchant. J'ai eu de longs moments d'attente, mais je savais qu'il y avait un but à tout cela. En effet, la fin du film emplit d'horreur, de fascination et fait naître des dizaines de questions dans notre esprit. Même s'il est difficile d'émettre un avis sur ce film, je pense que j'en ai, malgré tout, apprécié l'essentiel. Ceux qui aiment le cinéma marginal apprécieront la démarche.
Sonoflake
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le 27 nov. 2011

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