La Suisse prête son exotisme feutré et propret à une évasive histoire d'espionnage. Façon de signifier que derrière les apparences respectables et tranquilles, à l'image de ceux qui font profession d'espion, se dissimulent toutes sortes d'activités occultes et criminelles. Et puisque les espions sont des figures mystérieuses, l'intrigue sera mystérieuse et allusive.
Dans la réalité, le film est ennuyeux; d'abord parce qu'il est banal, tant par son sujet que par la mise en scène et, peut-être, parce qu'il se prend au sérieux, usant, sans rien y ajouter, des poncifs et de l'affectation attachés à l'espion-type de cinéma.
Homme d'affaires et espion en sommeil, Lino Ventura reprend du service après qu'un attentat terroriste a secoué l'austère et somnolente Zürich. Sébastien Grenier se trouve impliqué pour une raison qu'il ignore, pour une raison que le spectateur ignore et qui, de toute façon, laisse totalement indifférent.
Yves Boisset se borne à cultiver une énigme et des généralités sur les actions secrètes et inavouables des gouvernements, de l'extrême gauche et du KGB. Même la rencontre entre Piccoli et Ventura, dont on salive à l'avance, reste terne. Seule la fin du film, avec la
colère vengeresse
de Ventura, sera animée, sans doute parce qu'elle s'exprime sur un mode policier.