Brigitte, oh ma Brigitte.
N'écoute pas ces critiques et cette moyenne désastreuse. Non, ne lis pas ces âneries comme quoi tu joues dans un navet misogyne, macho ou bien encore raciste. Ils ont tord. Véritable icône et star internationale au même titre qu'une Marilyn, tu voueras de nombreux cultes à de nombreux cinéphiles ou non, tu seras l'égérie des plus grands artistes de l'époque. Et cela même sans montrer ton cul. Et pourtant dès l'ouverture, tel un soleil, tu nous éblouis quand même avec ta lune. Merveilleux. Brigitte, tu mènes le film car tu en es au centre. D'ailleurs, tu joues dans un rôle écrit par Roger Vadim : ton mari de l'époque. Tu ne joues pas Juliette à proprement dit, tu joues ton propre rôle : BB.
Femme moderne, emblème de l'émancipation des femmes et de la liberté sexuelle, ce rôle va te faire connaître au grand public. Tu vas séduire des gars comme moi avec ta simple présence et ta sensualité photogénique grâce à ton corps si voluptueux. Et pourtant ici tu es une enfant, presque innocente, qui s'amuse à chanter "Je suis une croqueuse de diamant" alors que c'est faux. Tu es une femme-enfant immature, qui se refuse de grandir. C'est d'ailleurs pour ça que tu reçois une petite voiture en cadeau de Mr.Jürgens, qui t'aime d'un amour tantôt sincère, tantôt paternel, tel un syndrome d’Œdipe inversé et partagé. Ce qu'on appelle aujourd'hui le syndrome Woody Allen.
C'est ton histoire Brigitte, non celle de Juliette, celle d'une jeune qui veut profiter de la vie et user de ses charmes pour accéder à cette quête du bonheur. Tu seras abusée, on se servira de toi, mais tu n'as rien contre ça et l'accepte même. C'est un film misogyne que vous dîtes ? Parce qu'une femme est «libérée», vous dîtes ça macho ? Moi je dis féministe. Si le scénario est, je le concède, peu brillant, le film scintille par sa fraîcheur simple qui rend cette œuvre aussi joyeuse que notre jeune vierge.
L'avenir c'est ce qu'on a de mieux pour gâcher le présent.
Et quel beau moment qu'on nous offre durant cette heure et demi, quelle photographie, chaque présence de la dame est d'une beauté rare. Même si l'ensemble des acteurs ne sont pas du tout convaincant, BB porte le film à elle seule. On découvre une Brigitte Bardot magnifiée, sous un sol pleureur, cheveux dans le vent et qui libère déjà des animaux, telle une gosse rebelle qui veut offrir la liberté qu'elle n'a pas. Brigitte est en fait un jeune animal fougueux, qui ne se pose pas de question. C'est d'ailleurs pour ceci, qu'elle se promène toujours pieds nus dans ce décor lumineux. Elle est maltraitée, dispose d'une mauvaise réputation mais elle s'en fiche. Moi aussi.
Le montage est amateur, quelques faux-raccords, les scènes s'enchaînent de façon moyennes, mais nous avons des scènes d'anthologie. Prenons la scène de l'union, ou encore toutes ces scènes d'amours juvéniles. Ne vous vous êtes pas retrouvés par moment, n'est-ce pas trop mignon ? Et cette séquence au Jukebox, n'est-elle pas magique ? Puis sur cette plage, malgré une escapade en bateau très mal faite, le résultat est fabuleux.
Et ce final ? Avec cette tension sexuelle sur fond de Mambo, voir BB remuer son corps, jambes de gazelle nues, crinière blonde affriolante, presque incontrôlable où elle suit la musique presque inconsciemment ? Elle m'éblouit. Puis cette connerie comme quoi cette scène est raciste parce que les musiciens sont noirs, faut pas déconner. Misogyne parce qu'elle sourit en prenant deux paires de claques magistrales ? Cette enfant ne se rebelle pas pour chercher de l'autorité en guise d'attention ?
Et Dieu créa l'infâme car, oui, vous êtes durs, vous, vilain public. Moi je l'aime ce film, je l'aime ma Brigitte.