Plurielle la vie ! Et Robert Guédiguian, plus que jamais chantre de Marseille, poursuit dans sa veine humaniste et chorale dans Et la fête continue. Bien des choses ne vont pas dans la cité phocéenne et au-delà : deux immeubles s'effondrent rue d'Aubagne, les militants s'écharpent avant les élections municipales, écoles et hôpitaux souffrent, tandis que l'Arménie est agressée. Mais en même temps, chez Guédiguian, il y a le sens de la famille, la solidarité, l'air de la mer et des rougets au menu des restaurants. Placé sous le signe de la tendresse et de la bienveillance, face à une société de plus en plus marquée par la régression et l'égoïsme, le cinéaste pourrait sembler excessivement empathique envers ses personnages mais c'est cette chaleur qui en fait le prix, dans un récit qui surfe adroitement entre eux, tout en réservant la meilleure place à un magnifique portrait de femme, engagée, parfois fatiguée, et toute surprise de succomber à une nouvelle (dernière ?) histoire d'amour. C'est évidemment l'incomparable Ariane Ascaride qui interprète le rôle, avec tout le talent et la subtilité dont elle est coutumière. Nettement moins sombre que son Gloria Mundi, par exemple, Et la fête continue renoue avec une veine plus optimiste, et même idéaliste, du cinéma de Guédiguian. On ne va pas s'en plaindre, de ces petits bonheurs.