Ce film est un paradoxe ; il est certainement l’un des plus réussi, des plus poétique, des plus abouti de Fellini et pourtant ce l’échec fut terrible. Encore aujourd’hui il est impossible à trouver en DVD*. Le maître italien a porté ce projet pendant trois années pour le peaufiner, l’améliorer sans cesse. Et le résultat final tient du prodige.
Il est difficile de narrer l’histoire, d’une part parce qu’elle n’est qu’un accessoire pour mettre en valeur la satire sociale d’une société moribonde à laquelle Fellini sait ne pas survivre. D’autre part, la dévoiler c’est mettre en évidence ses excès et ses incongruités qui, une fois le film vu, font sa force, lui donnent aussi un côté baroque et une puissance mélancolique inouïe.
Fellini signe là un film testament. Il rend hommage au cinéma de jadis, dont le sien, et l’on retrouve tout ce que l’on admire chez lui. A l’image de son paquebot, il remet sa vie à flot, à travers une galerie de personnages tous aussi excentriques les uns que les autres ou des décors faramineux, pour mieux signifier l’opulence et la superficialité bénéfique de ce monde appelé à disparaître. Il s’appuie également sur une technique étourdissante de maîtrise tant dans ses effets de mise en scène, que sur la lumière et une direction artistique de grande classe.
Quant aux acteurs, à l’image de Jeffrey Jones, sorte de Monsieur Loyal de ce grand cirque, ils sont tous excellents, avec une mention pour Barbara Jefford qui campe une Ildebrande Cuffari, petsèque adorablement détestable.