Pour rendre un hommage à Fight Club, je dirais que la rencontre de David par Alexis, c’est un peu comme la rencontre avec Tyler Durden.
David incarne une liberté et une insouciance de vie que ne connais pas encore Alexis. Ce dernier grandit dans une famille classique des années 80, à savoir avec une mère qui ne veut que son bonheur mais avec des principes usés et un père, maladroit et distant. Alexis est donc jeune, il n’a que 16 ans, se pose beaucoup de questions sur la vie, avec le besoin profond de tout comprendre. La rencontre avec David sera le déclic de son adolescence.
Méfiant au début, à cause d’une précipitation qu’il ne connaît pas et qui l’effraie un peu, Alexis se laisse vite porter, et par le biais d’un amour interdit et secret, la magie opère. Alexis, très bien interprété par un Félix Lefebvre qui y met toute son énergie, se laisse prendre au jeu.
Seulement voilà le hic, David est plus que l’idéal que s’invente Alexis, il a besoin de ressentir la vie, besoin de rattraper la vitesse pour faire corps avec elle, besoin de changement : Forcément, la stabilité, ce n’est pas pour lui.
C’est ainsi que très logiquement, lorsqu’une routine s’installe, ce qui plaît à Alexis ne plait plus à David. Kate arrive et tout s’effondre. Le mythe se brise, c’est la fin du rêve pour Alexis. Il ne reste alors plus qu’à honorer le pacte qu’il a passé : danser sur la tombe de David.
La vraie thématique de ce film est donc le questionnement de la jeunesse, la découverte de soi-même, celle du monde environnant. La réponse à toutes les questions de la jeunesse n’est elle pas finalement aussi bête qu’arrêter de se poser des questions et de jouir de l’instant présent ? N’est-ce pas à ce moment-là qu’Alex profite réellement de la vie et qu’il se sent mieux que jamais ?
J’apprécie la thématique de la jeunesse, et toute la nostalgie qui y est lié. C’est ici bien maîtrisé avec une photographie soignée, le recours à la pellicule pour le tournage vient accentuer cet effet. Le choix de la Normandie comme lieu de tournage est judicieux, région restée dans son jus, elle colle aux années 80, et permet d’avoir un décor naturel sans trop de montages et d’effets.
La bande son est aussi travaillée. Chaque musique fait tilt, et des chansons comme In Between Days de The Cure ou encore Sailing de Rod Stewart sont judicieusement choisies.
Enfin, les mois de travail entre les deux acteurs font mouches, la complicité entre les deux acteurs est réelle, la justesse de l’interprétation est appréciable. François Ozon fait appel à tous ses souvenirs de jeunesse et met un point d’honneur à ce que tous les éléments sont réunis pour proposer un contenu plaisant et transmettre des émotions à son spectateur.
Seulement voilà, il existe à mes yeux plusieurs points négatifs justifiant ma note. A commencer par l’humour sordide, qui n’a pas vraiment sa place pour moi et qui casse le côté dramatique de l’histoire. De plus, certains éléments semblent gros d’un point de vue narratif, comme la diffusion de l’accident, le côté enquête judiciaire etc.
Mais ce qui m’agace le plus, c’est cette mécanique consistant à commencer par la fin, pour finalement dérouler l’histoire sous forme de flashback pour relier les intrigues entre elles. Je trouve que ce concept a été suffisamment vu, et qu’il vient dès le début du film tuer le peu de suspens que l’on peut avoir en voyant ce genre de film. Certes ce n’est pas un thriller, mais je ne vois pas ce que cela apporte au film, et à mon goût le film a plus à y perdre qu’à y gagner en ayant recours à cette solution.
Finalement, été 85 est un film bien rythmé, avec des atouts indéniables qui se laisse très facilement regarder, mais qui ne me marquera probablement pas pour des années.